La plupart du temps, le propre de la CW en matière de séries est d’avoir un pitch prometteur qu’elle sabote dans les grandes largeurs car cette chaîne ne sait pas faire autrement. Prenez le postulat de départ de The 100 : la Terre a été rendue inhabitable par un holocauste nucléaire, les survivants se sont réfugiés dans une station spatiale géante qui vient à bout de ses ressources et le dernier espoir de l’humanité est d’envoyer un groupe d’une centaine de repris de justice parmi les plus dangereux qui soient sur la planète bleue histoire de vérifier si elle est de nouveau habitable. On se prend à rêver d’une galerie de personnages badass à la Riddick, ou n’importe quel héros de John Carpenter, balancés dans un univers SF post-apocalyptique pour un programme au confluent de La Route et d’Oz. Il n’en sera malheureusement rien, l’ensemble faisant plutôt penser à After Earth – mais sans la famille Smith, c’est déjà ça.
CW oblige, les personnages principaux sont une bande d’ados très propres sur eux – très blonds, très beaux, très blancs – dont le pire acte de malveillance a dû être d’écrire leur nom sur leur bureau en CE2 ou le déclenchement d’une alarme incendie pendant un interclasse particulièrement agité. De ce simple fait, la série perd en crédibilité et se transforme dès ses premières minutes en un teen show bas de gamme et inintéressant au possible. Le salut de l’humanité repose entre les mains d’une poignée de postulants à un job chez Abercrombie qui déambulent dans une forêt rappelant les grandes heures de Stargate SG1 et draguent vaguement les filles en les appelant « princesse » pendant que des hordes de figurants errent sans but en arrière plan, l’air de se demander ce qu’ils font là… Mais très vite, des dissensions se forment et la révolte gronde car il semblerait que dans l’espace, des gens soient plus privilégiés que d’autres… Nous n’en saurons pas plus vu que le worldbuilding de la série se fait en trente secondes au début du pilote. Pour le reste, à nous de raccrocher les wagons.
Heureusement, l’univers et les tropes scénaristiques à l’oeuvre sont si peu novateurs et si farcis de lieux communs qu’il est très aisé de ne pas se perdre dans les méandres de The 100. En surfant sur la vague Hunger Games et autres romans pour jeunes adultes (plutôt jeunes gogos à force de se faire refourguer la même chose à longueur de temps sans sourciller), la série ne prend aucun risque et ne tente jamais de surprendre sa cible qui ne demande, de toute façon, sans doute pas plus que cet agrégat réchauffé. La platitude de l’ensemble est ringardisée par la mise en scène très téléfilm de NRJ12 frôlant souvent le comique involontaire comme en témoigne cette arrivée sur Terre aux allures de pub Axe rythmée par la chanson Radioactive du groupe Imagine Dragons…
Ajoutez à cela un aspect politique pour les nuls avec un méchant comploteur et raffiné amateur de musique classique. Ayez la main lourde sur une multitude de traumas à base de papa tué parce qu’il allait dévoiler « La Vérité » au peuple car ce genre de backgrounds ne fait jamais de mal à une caractérisation déjà bancale des personnages. Et n’oubliez pas le fait que la Terre soit déjà repeuplée par des bestioles mutantes type biche à deux têtes, mais surtout des « Autres » qui n’ont pas l’air forcément sympathiques, et vous obtenez de l’héroïne fade au possible la punchline la moins originale qui soit (à l’image du reste) en guise de cliffhanger : « Nous ne sommes pas seuls ». Manque de chance, ils risquent de l’être vu qu’il serait surprenant que cet ersatz de tout ce qui s’est fait ces dernières années recueille les suffrages du public. Même le moins exigeant possible.