Dylan apprend qu’il a une chlamydiose et doit en informer toutes ses conquêtes passées, peut-être contaminées elles aussi. Il est accompagné dans cette aventure par son meilleur pote, Luke, et sa meilleure amie, Evie (dont il est amoureux). Avec un titre et un pitch résolument graveleux, Scrotal Recall a de quoi rebuter. Mais au-delà de ce postulat, de punchlines pas piquées des vers et de quelques gags aussi sales qu’efficaces, Scrotal Recall est plus astucieuse que le jeu de mots qui lui sert de titre. La série est surtout dotée de bien plus de cœur qu’on ne soupçonne de prime abord.
Les références convoquées sont évidentes, de Quatre Mariages et un Enterrement à Broken Flowers en passant par Annie Hall, mais si bien digérées et intégrées au propos de Tom Edge qu’elles ne sont jamais envahissantes. Tout au plus, elles servent de modèles narratifs à cette première saison convaincante. Le large spectre de ces références allant du film populaire à des œuvres plus pointues se retrouve dans la série, qui ose une narration pas forcément évidente dont l’architecture alambiquée surprend autant qu’elle réjouit puisqu’appliquée au genre a priori balisé de la comédie romantique. Là où Scrotal Recall tutoie les sommets, c’est lorsqu’elle se rappelle que ce genre, à son meilleur, est aussi un reflet des mœurs d’une époque. Proches de Girls et Broad City, les moteurs de la série sont la crise financière et surtout sentimentale de ses personnages qui confèrent à son propos une honnêteté presque brutale.
Si les flashbacks de chaque épisode sont consacrés à une relation avortée de Dylan, le cœur de la série et son nœud dramatique sont au présent dans la relation douce-amère unissant le jeune homme à Evie, à deux doigts de se marier et lasse d’être spectatrice (et malgré elle, supportrice) des errements amoureux de son ami. A travers chaque retour dans le temps de la série, c’est cette relation et l’amour d’Evie et Dylan, évident pour tous sauf les principaux intéressés, qui sont développés avec finesse, humour et émotion. Lorsque Dylan et Luke apprennent le décès d’une jeune femme dont ils étaient tous les deux amoureux, Scrotal Recall dépasse son statut de comédie romantique parfois potache pour ouvrir une réflexion saisissante sur les remords et les regrets attenants à chaque relation amoureuse.
Ces considérations existentielles suggèrent un niveau que personne n’attendait d’une série parlant de chlamydiose. C’est aussi la confirmation pour Channel 4, après Skins, Utopia et d’autres réussites plus confidentielles comme Sugar Rush, de son statut de force de proposition variée et d’une pertinence rare en matière de fictions pour jeunes adultes.