The Strain figurait en bonne place parmi les séries les plus attendues de l’été. Depuis plusieurs mois, FX entretient le mystère à coups de teasers alléchants, annonçant l’arrivée de cette nouvelle série garantie avec des vampires dedans, mais qui lorgne plus du côté de The Walking Dead que de The Vampire Diaries ou True Blood. Les amateurs de scènes sexy et de romantisme échevelé seront prévenus, The Strain ne boit pas de ce sang-là. Lancé dimanche dernier aux Etats-Unis, le pilote dévoile un divertissement honnête et bien produit, mais pas encore à la hauteur de la réputation de Guillermo Del Toro.
Le réalisateur du Labyrinthe de Pan et de Hellboy supervise pour la première fois une série avec The Strain, adaptation de la trilogie de romans éponymes. L’histoire débute à New-York, avec l’atterrissage imprévu d’un avion rempli de passagers apparemment morts. Suite au silence radio de l’équipage, Ephraim Goodweather (Corey Stoll), un spécialiste du CDC (organisme de contrôle des maladies contagieuses) est envoyé sur place. Avec son équipe, il tente de percer à jour les mystères d’un virus inconnu jusqu’ici, qui transforme les morts en suceurs de sang. Un vieil homme et professeur retraité, Abraham Setrakian, arrive à son tour sur les lieux. Il est peut-être le seul qui ait eu à faire à ce virus, et puisse aider à le combattre.
Dès les premières images, The Strain convoque le souvenir de séries de genre telles que Fringe (pour l’avion) ou The Walking Dead, à laquelle on pense immanquablement face à l’aspect zombifiant de ces vampires, assez différents de ceux représentés jusqu’ici dans les séries US. Les scènes horrifiques avec ces vampires 2.0 représentent l’aspect le plus réussi de ce pilote visuellement attractif. La série pose une esthétique sombre, baroque et assez gore, qui correspond bien à l’univers de son créateur. Pour le reste, le scénario s’avère aussi feignant que formaté. Les personnages sont taillés dans le même bois grossier. Heureusement, Del Toro a eu la bonne idée de faire confiance à Corey Stoll pour jouer le héros Eph. L’acteur, qui brillait dans la peau du député Peter Russo dans House of Cards, possède le charisme nécessaire pour rendre son personnage trop lisse intéressant. Le casting, solide, compte aussi dans ses rangs des habitués du cinéma fantasy comme Sean Astin (Le Seigneur des Anneaux) et David Bradley (Harry Potter).
Reste qu’à la vision du pilote, The Strain se présente comme une grosse machine américaine, qui apporte plus de soin au rendu des ses scènes gores qu’à la psychologie de ses personnages ou à la richesse de son scénario. Or, la force de Guillermo Del Toro sur grand écran est justement de mettre en scène des histoires aussi stupéfiantes visuellement que profondes et touchantes, qui donnent à réfléchir sur la nature humaine. En passant sur le petit écran, le réalisateur semble avoir délaissé la dimension complexe de son œuvre pour se concentrer sur le pur divertissement pour adultes. Et même en ne prenant en compte que cet aspect, la série apparaît au mieux comme une énième version de ce qui fonctionne déjà à la télé, au pire comme une pâle copie des films de Del Toro. On appelle ça le syndrome Spielberg.