Après une première saison aux allures de bouffée d’air frais dans une galaxie d’adaptations de comics de plus en plus mornes, le justicier Green Arrow revient pour une seconde saison aux ambitions décuplées. Issu de l’écurie DC, Green Arrow alias Oliver Queen est un super héros méconnu qui a rapidement su imposer comme une sorte de Batman télévisuel. Après un naufrage dans lequel il a perdu son père et la sœur de sa fiancée (avec qui il la trompait), le milliardaire Oliver Queen a appris, cinq années durant, à survivre et à développer des capacités surhumaines sur une île étrange peuplée de mercenaires, de savants fous et de leurs cobayes. De retour dans sa ville de Starling City, il n’a plus qu’une raison de vivre : rétablir la justice. A n’importe quel prix.
En reprenant la structure duelle popularisée par Lost alternant timeline actuelle et flashbacks, la première saison de Arrow aurait pu être sous-titrée “Begins”. Après des débuts de super héros difficiles lors de la saison inaugurale achevée par un tremblement de terre ayant ravagé la moitié de sa ville, Arrow revient pour la reconstruire alors qu’une vieille connaissance, son mentor Slade Wilson (alias “Deathstroke”) fait son grand retour pour détruire Oliver et tout ce à quoi il tient. Avec ce postulat de départ aussi proche de L’Empire Contre Attaque que du classique Born Again des comics Daredevil, Arrow propose une seconde saison plus sombre et plus complexe que la précédente. Tout ce qui a participé à la construction du héros est remanié pour faire partie intégrante de sa déconstruction. Alors qu’il tuait sans sourciller ses ennemis, chose surprenante pour un super héros (qui plus est à la télévision), le Arrow de saison 2 se fait un point d’honneur à être un véritable modèle, dépassant le statut du simple justicier à la Charles Bronson qui aurait troqué le gros calibre pour un arc. Nous assistons ainsi durant cette saison à l’évolution inattendue et plus subtile qu’il n’y paraît d’Oliver en véritable Héros, au sens tragique du terme. Le vigilante repentant doute, se loupe, se blesse, perd les siens et a constamment besoin d’aide. En cela loin du Batman moderne dont ils s’éloignent progressivement, Arrow et son univers trouvent leur identité propre et la série perd ses allures de Christopher Nolan hard discount.
L’équipe entourant Oliver s’agrandit, les relations entre les personnages sont suffisamment creusées pour ne pas être superficielles et l’univers de la série en ressort grandie. Avec l’introduction de la fameuse Suicide Squad (une sorte d’Agence Tous Risques composée de méchantes têtes brûlées à la solde d’une obscure agence gouvernementale) et la présentation de Barry Allen (dont la backstory et l’univers sont introduits au cœur de la série pour faire office de pilote non-officiel au spin-off diffusé à la rentrée), les créateurs de Arrow semblent avoir appris des erreurs de la Marvel et ses films prévus dix ans à l’avance et qui ne semblent finalement être écrits que dix minutes avant le tournage. En faisant la part belle à l’histoire, les showrunners de la série n’hésitent pas à piocher allégrement dans l’univers DC Comics (Ra’s Al Ghul et sa Ligue des Assassins, moult antagonistes s’opposant à Arrow) afin de l’enrichir. La saison est construite de manière à présenter divers personnages au cours d’aventures à priori insignifiantes de l’archer vert pour mieux réunir tout ce petit monde dans un final à la hauteur de cette mise en place narrative ambitieuse.
Si des manques en matière de mise en scène (même si c’est cheap, ce n’est pas aussi pathétique qu’un Avengers à 200 millions de dollars) ou d’écriture (la saison ronronne par moments) restent à déplorer, l’amour palpable des auteurs pour les comics et leur envie de rendre justice à l’univers DC font de Arrow un divertissement de choix. En attendant la troisième saison et les débuts de Flash à la rentrée, la série aura su s’imposer comme la pierre angulaire d’un univers DC télévisuel dont on ne peut qu’attendre l’expansion.