A l’instar de Selfie, sa concurrente directe, A to Z fait tout pour s’ancrer dans la modernité. 500 Jours Ensemble est passé par là il y a (déjà) cinq ans, mais c’est sans doute le délai pour lancer des idées et les développer à la télévision qui explique cet engouement pour la rom com post-moderne auquel on assiste depuis quelques mois. Ici, le concept – raconter la relation amoureuse de huit mois, trois semaines, cinq jours et une heure (c’est précis) du couple vedette – renvoie autant au film, devenu matriciel, de Mark Webb et son implacable décompte qu’à Mixology, la sitcom expérimentale sous-estimée d’ABC qui braconnait déjà sur ces terres romantiques.
Conceptuelle jusqu’au bout, la série suit Andy et Zelda de la rencontre (le A) à la rupture (le Z) en passant par les 24 lettres-étapes intermédiaires via des épisodes titrés sur le format de « A comme Accointances ». Vu comme ça, ça sent la grosse machine qui s’écroule sous le poids du système qu’elle met en place, mais à l’inverse de Mixology, trop ambitieuse, A to Z ne perd pas de vue son objectif premier: raconter une belle et gentille histoire.
La série est bien aidée en cela par ses personnages archétypaux (Andy est le prototype du hopeless romantic que l’on espère moins insupportable que le fameux Ted de How I Met Your Mother, tandis que Zelda est plus cynique et cash) mais bien campés et mis en valeur par des sidekicks assez ignobles pour être drôles sans pour autant tirer la couverture à eux, tout en restant, de tous les côtés, dans la grande tradition du genre. L’écriture vive et dynamique (rappelant le meilleur de HIMYM, il y a déjà quelques siècles de ça) est maîtrisée dès le pilote et suffisamment astucieuse (en étant, entre autres, un modèle de gestion et d’utilisation intelligente de flashbacks suivant les points de vue des personnages) pour tenir en haleine.
La voix-off omnisciente (sans être envahissante) et le côté 2.0 (Facebook, Twitter, Instagram et iMessage) de l’entreprise pourraient fatiguer mais, heureusement, leur omniprésence est loin du namedropping habituel servant à créer un faux sentiment de modernité malgré des mécanismes et un propos vieux de trente ans. La série les utilise comme ce qu’ils sont dans la vie: des outils facilitant la communication et permettant d’accélérer la narration de la série, capable de nous présenter une galerie de personnages, les rendre attachants et les faire passer par tous les passages obligés du genre en vingt minutes.
Surtout, malgré ses atours de série high concept au dernier degré, A to Z a du cœur et, comme son personnage principal, n’hésite pas à le faire savoir sans pour autant tomber dans la niaiserie. A un moindre degré que You’re the Worst (network oblige), A to Z souffle à son tour un sympathique vent de renouveau sur le genre.