Artiste né des folles ambitions modernes dans les années 50-60, il a sillonné et triomphé de la représentation du corps vivant dans son élément physique, en saisissant ses gestes essentiels. Klein nous rappelle aujourd’hui l’importance que doit occuper ce corps dans notre culture digitale. Son œuvre, déplacée dans le contexte de l’hypertexte, aujourd’hui, souligne un point important dans ce questionnement du rapport que l’homme entretient avec l’environnement de l’ordinateur.
L’exposition au musée d’Art contemporain de Nice stocke 120 œuvres sur deux étages. Cette rétrospective est organisée par Gilles Perlein et le concours de Rotrault Klein-Moquay et Daniel Moquay (fondation Yves Klein). Elle nous ramène à la définition de l’espace et du corps en 1960 dans son environnement vivant et médiatique.
Klein est né en 1928 à Nice. Dans les années 50, il commença ses ensembles de monochromes prédominant par la couleur bleue indiquant selon Pierre Restany « une figuration tangible de l’espace infini ». Il transformait la peinture, en un espace unique. L’objectif de Klein était de montrer la dimension physique et métaphysique du tableau par l’utilisation du pigment pur « contre la ligne et le dessin ». En termes d’espace virtuel, l’espace métaphysique d’Yves Klein résumé dans votre écran vidéo encouragerait la contemplation de l’espace infini qu’engendre l’hypertexte et le métalangage informatique. Voir Klein à travers la dimension du cyberespace, c’est comprendre l’importance que le corps physique doit prendre dans la construction de notre société informatique. On comprendrait alors tout de suite les enjeux de la représentation de Klein sur notre perception du digital.
La performance historique Anthropométries, où trois modèles nues s’enduisaient de peinture éthylique et devenaient « des pinceaux vivants », indiquait en 1960 à la société la dimension du corps comme « un objet naturel au milieu du monde », un élément physique au même titre que l’air, le feu, le vent. Ainsi le paradoxe de notre société, qui est de transformer notre patrimoine en fichier informatique via internet, rend à Klein une autre visibilité, celle de considérer le rapport vivant que doit entretenir notre corps dans ce nouveau monde digital.
Au vu de l’obsolescence ultra-rapide des matériels, des logiciels et des interfaces homme machine, la mémoire du corps et les déplacements qu’il fait dans son élément digital se trouvent menacés. Cette spatialité infinie et métaphysique se manifestera demain dans la création des futurs cyber-artistes, ou les futurs degrés de réflexion sur l’écran. Nos autres vies digitales seront aussi brutales, sexy et humides que la fulgurance humaine de cet artiste visionnaire.