A deux pas du Sentier au nord du Marais, le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme vous accueille avec son sas anti-terroriste. Le peuple juif est toujours en danger (?). Ce sentiment ne vous quittera pas tout au long de la visite. Plus qu’une simple exposition, Yiddish ? Yiddish ! c’est toute une série de manifestations autour de la culture et de l’art juifs : expositions, lectures, concerts, cinéma… Il est important de préciser que le yiddish est une création linguistique de la communauté juive apparue autour de l’an mille en Europe. A la fin du XIXe siècle, elle était utilisée par près de 10 millions de personnes. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Peut-on encore parle de création yiddish ? A moins d’être un aficionado de la culture juive, il est préférable de passer par les expositions avant d’assister aux autres manifestations. Et comme il n’y a pas de site Internet, le plus simple reste de se rendre au musée pour récupérer le programme.
Dans un souci de vulgarisation, l’exposition commence par quelques rappels sur les fondamentaux de la religion avec des objets sacrés : Terre promise -un plan relief de Jérusalem (Odessa 1892), des stèles sculptées avec des extraits de la Torah, de merveilleuses lampes de Hanuca, etc. On est surpris par les miniatures de la Torah, en particulier une petite bague qui contient le texte d’Esther en parchemin. On retrouve également des répliques des habitats traditionnels, ashkénazes. Laissons de côté les couteaux de circoncision et toutes les héroïnes (Sarah, Myriam, Déborah…). Cet ensemble constitue la partie permanente de l’exposition.
A l’étage, des costumes de cérémonie somptueux, toujours accompagnés par la « quincaillerie » religieuse. Ca en devient longuet… mais les salles ne sont pas trop grandes. On pénètre ensuite dans l’exposition artistique en tant que telle. Eaux-fortes, affiches, marionnettes et peintures se mêlent. Comme dans toute rétrospective, les œuvres sont inégales. On retiendra surtout les Chagall (L’Homme à la barbe, La Crucifixion en jaune, Le Boeuf écorché), un Modigliani, et l’expressivité des cartes postales (voire images d’Epinal). Pour finir, un mur des déportés et « une liste », réalisation marquante de Boltanski, vous rappellent ce fameux « devoir de mémoire ».
On est surpris et ravi par la richesse de Yiddish ? Yiddish ! Comptez cependant deux à trois heures pour faire le tour et pensez à demander des écouteurs (gratuits) à l’entrée, car toute la visite est commentée.