Roland Topor, pluridisciplinaire de talent, peut se trouver aussi bien à l’affiche du Théâtre de Chaillot avec Wouah ! Wouah !qu’à celle de la Maison européenne de la Photographie dans le cadre de l’exposition Topor, rit encore. Sur fond sonore de chansonnettes et de contes inédits improvisés par Topor, se suivent, sur les cimaises, des expériences et des jeux photographiques. A commencer par les « Topor-matons », clichés réalisés dans des cabines de photomaton, parfois accompagnés de courts textes pleins d’humour, ou, plus loin, les très beaux portraits tantôt rêveurs, tantôt rieurs, réalisés par Ad Petersen en 1975, à Amsterdam. Topor se prête même aux désirs farfelus de Sophie Calle (voir aussi L’Hôtel C) en se laissant photographier durant une nuit de sommeil. S’il joue avec son image, Roland Topor joue aussi de l’outil photographique capteur de lumière, en dessinant, avec une lampe de poche, des personnages lumineux dans le noir. Enfin, les dernières photographies prises de l’artiste, en 1996, sont à l’image de toute cette exposition : à la fois souriante et tendre.
Deux étages au-dessus, Les Plus beaux plans du monde établit un lien entre l’image fixe et l’image animée. Si le titre amène à penser qu’il s’agit d’une exposition « best of », l’intérêt immédiat que suscitent les quelques secondes d’images qui apparaissent sur les écrans fait vite oublier cet a priori. Les sourires de stars côtoient les souffrances de réfugiés, les brûlures du napalm sur le corps des enfants, les baisers des femmes aux soldats au lendemain de la guerre, etc. Patrick Jeudy a traqué pendant dix ans des images d’archives pour en sortir les plans les plus marquants, les plus touchants. Au final, une trentaine de téléviseurs passent en boucle ces courts extraits qui deviennent des films à eux seuls et qu’il est souvent difficile de quitter des yeux.