Le mécénat est-il une astuce fiscaliste ? Inutile de rentrer dans la polémique car, pour les artistes, c’est un petit coup pouce qui n’est jamais négligeable. Ces opérations se déroulent désormais online. Coca Cola vient ainsi de lancer le concept de talent brut. Le projet a pour vocation de faire émerger de nouveaux talents. La plate-forme communautaire online Talent brut a ainsi été mise en œuvre. Elle sera soutenue par des expositions/happenings, un magazine print et une compilation CD. Autre spécificité : des talents reconnus parrainent les nouveaux sous forme de best-of. C’est Kojak, le live house music, qui s’y colle le premier.
Le site se présente comme un portail avec vidéo et musique en téléchargement. Le spectateur peut consulter le vivier des nouveaux talents alors que l’artiste a un accès sécurisé à son espace. Le site a déjà réussi à fédérer une vingtaine d’artistes et devrait très vite monter en puissance. Comment y adhérer ? Il suffit de s’y inscrire par formulaire et de présenter ses travaux « artistiques » : musique, vidéo, photo, mode… Free Sound of Paris (trio de hip-hop français) par la voix de Sheik nous donne sa perception : « Le kif pour pas un franc : why not ? » Le groupe s’est lancé, et jusqu’à présent il est ravi. Mais comme les autres artistes présents lors du vernissage à l’espace Montorgueil, la lucidité est de rigueur : « Ce n’est pas ça qui va nous faire signer un label mais en attendant ça nous permet de rencontrer d’autres gens. »
L’initiative est originale. Aucun grand groupe ne s’était lancé dans du mécénat online et contrairement à beaucoup de fondations, les arts plastiques y côtoient la musique et la vidéo. Sur le web on rencontre souvent des « open galeries » mais elles sont plutôt mono-art. Le très bon hypertunez.com, par exemple, est un portail dédié aux musiques électroniques ; ouvert à tous, spectateurs comme artistes. Arriverons-nous à une cité virtuelle des artistes ? Internet s’y prête : on oublie souvent que c’est la plus grande galerie que l’humanité ait jamais eu. Alors ça dépendra surtout du bon vouloir du fabricant de soda. Il ne faudra pas que le marketing se réapproprie trop vite l’opération. La world company prétend qu’on est parti pour plusieurs années de talents bruts. A voir… Toujours est-il que l’opération mérite d’être signalée, d’autant que le site vaut le coup.