J’ai vu le présent et le futur du rap anglais ! Ça se passait au Batofar, et je n’ai pas regretté d’avoir attendu une heure et demie que le concert commence… Sur disque, les rappers de Big Dada (la division hip-hop de Ninja Tune) sont très intéressants : Roots Manuva est LA révélation rap de ces derniers mois, DJ Vadim notre expérimentateur russe préféré et le duo New Flesh For Old vient de sortir un album vraiment percutant (New equilibrium). Valent-ils le coup sur scène ? La réponse est un grand : oooh, yeah !
On commence avec Roots Manuva, seul au micro et accompagné d’un DJ. Bien que pas très grand et enrobé, son charisme est indéniable. Évidemment, il rappe très bien et très vite. Sa voix grave et son allure simple, mais laissant parfois apparaître un brin de folie, emportent la salle. Trempé, il sort de scène après nous avoir mis une bonne claque.
Après lui arrivent les deux (jeunes) énergumènes de New Flesh For Old, les visages couverts de masques kitsch un peu bizarres. Ils discutent un moment entre eux puis, arrachant brutalement leurs masques, attaquent leur set : ultra efficace. Rythmiques énormes, tchatche vitesse-de-la-lumière et vas-y que je te passe le micro et que j’alterne hip-hop et ragga. Terrible. Bien que personne ou presque ne comprenne leur baratin, la salle est envoûtée par tant de dynamisme et de pêche communicative. Là, on commence à oublier qu’on est au Batofar dans un concert de rap « branché ». Même des filles dansent au premier rang, c’est dire. Ça groove sévère.
Mais ce n’est rien comparé à ce qui nous attend ensuite. Après une brève pause, deux autres types, pas prévus au programme, un petit blanc (Killa Kela) et un grand noir (Blu Rum 13), arrivent sur scène et présentent Vadim et un autre DJ, Mr Thing. Des invités surprise, mais pas n’importe lesquels… Ils se présentent : « Mesdames et messieurs, nous sommes les SCRATCH PERVERTS, from Washington DC ! Et notre DJ champion du monde… ». A partir de ce moment, tout le bateau fut littéralement subjugué par leur performance (y compris les survêtements boys : le pétard leur en tombait de la bouche). Le solo du DJ : incroyable. Le solo de human beatbox du petit blanc : incroyable (un groupe à lui tout seul !). Le rap du grand noir : incroyable. Tous ensemble : génial. Seul Vadim, que les gens étaient probablement venus voir, est resté très discret, fournissant simplement rythmiques et samples. Mais on s’en fout. On a vu un vrai concert de pur hip-hop, entre simplicité et virtuosité, efficacité et sincérité… Sans oublier l’humour. En bref, un excellent concert. Yes, man !