Ceux qui avaient eu des places pouvaient s’estimer heureux. Cette affaire-là, c’était parti en quelques jours, comme par surprise, on se pointait pour acheter, dans les temps, mais non, y-a pus mon bon monsieur, vous pensez, Massive Attack, longtemps que c’est parti. Les heureux possesseurs se sont donc retrouvés à la Mutu -le Palais du tarpé- pour acclamer le groupe le plus attendu de l’année -si l’on excepte, peut-être, les Beastie Boys- et en prendre plein les oreilles. Dans une salle déjà très confortablement garnie, il a fallu commencer par se taper une bonne demi-heure de Chezede (plein de bons papiers dans la presse lèche-bottes). Cette ex-choriste des Urban Species (si si) a sorti un album et venait le promotionner accompagnée d’un guitariste en tout et pour tout. Bon, d’accord, elle a de la voix, mais ça suffit pas pour faire de la bonne musique. En fait, la promo a été assurée -pardon mesdemoiselles- par une formidables paire d’Airbags, réellement ahurissants, limite hallucination. Si j’ose dire, c’est mince…
Exit la dadame, et place aux choses sérieuses. ILS arrivent, sous les hourras, et entament le concert plutôt piano piano. Les morceaux du dernier album défilent, avec certes un fort joli son, mais on se demande quand le concert va vraiment débuter. Il y a bien, intercalés, quelques morceaux de Blue Lines qui réveillent les ardeurs du public, mais bon, on attendait tellement de ce moment-là…
C’est bien de privilégier le rendu sur scène -il est vrai que les morceaux de Massive Attack sont assez complexes-, mais il faudrait penser à nous mettre un peu la fièvre. Celui qui y réussit pas trop mal, c’est Horace Andy, vif et souriant (en plus, il a quand même une vois magnifique). Il faudra une magnifique version de Teardrop -sans Liz « Cocteau » Frazer, retenue pour cause de maternité- pour mettre un brin de chaleur dans cette musique d’une grande beauté, mais un peu froide on stage. Il faudra aussi oublier une version ratée de Karmacoma, que tout le monde attendait. Et retenir, encore, Inertia creeps, Mezzanine, Group four ou Angel, dont la tension s’exprime naturellement en live. Un bilan : bizzarement, on n’est même pas déçu ! Il faut dire que ce concert-là, on l’avait fait des dizaines de fois dans sa tête…Disons alors que ça a été un très beau rêve !