Une légende racontant l’émerveillement d’une princesse dans les souks marocains met l’imaginaire du visiteur en éveil, devant lui défilent, grâce au texte, les cuirs, les bijoux, les tissus, les poteries. Le voilà prêt à franchir la porte de la ville où déjà des piétons se pressent. L’exposition s’ouvre alors sur un très sage souk qui invite, tout aussi sagement, le visiteur à s’approcher et à toucher -chose rare- les babouches, la laine, les tissus, etc. La visite se poursuit avec la mosquée, puis la médersa, lieu d’étude, le hammam, autant de lieux publics qui tiennent une place de choix dans la vie quotidienne du Maroc. Quittant ces espaces, le visiteur pénètre dans la cour intérieure d’une maison traditionnelle et découvre ustensiles et mobilier.
Maroc, magie des lieux ressemble davantage à un catalogue d’agence de voyages qu’à un parcours didactique sur l’architecture, l’artisanat, la maison et les lieux publics dans la société marocaine. Il est donc extrêmement plaisant de se promener dans cet univers reconstitué où les rayons du soleil semblent arrêtés afin de préserver une certaine fraîcheur et un peu d’ombre. Il s’agit là de l’art de vivre au Maroc avec ses poteries peintes à la main, ses riches tissus, son ornementation foisonnante, mais aussi ses espaces dévolus au corps, à la détente, l’hospitalité, devoir sacré, concrétisée par le partage d’un délicieux thé à la menthe bien sucré. Telle une carte de visite, cette exposition présente le Maroc par petites touches très séduisantes, faisant abstraction de tout ce qui pourrait briser ou seulement ternir la magie de ces lieux. Après une telle visite, qu’il est pénible de retrouver la grisaille parisienne !
L’exposition se termine par un rapide tour d’horizon sur le design contemporain au Maroc. Cette partie semble d’autant plus judicieuse que le Maroc, même dans son artisanat traditionnel, ne cherche pas à reproduire inlassablement les mêmes gestes : formes et surtout ornementations s’adaptent à l’évolution de la société et des goûts. Constatation qu’il est aisé de faire sous la tente du souk-restaurant devant le bâtiment de l’Institut du Monde arabe dans lequel certaines poteries sont peintes de poissons, de soleils, dans des couleurs très actuelles.