Créé en 1995 par Laurence Equilbey et composé d’une quarantaine de chanteuses et chanteurs âgé(e)s de 20 à 25 ans, le Jeune Chœur de Paris, suivant le bel exemple du chœur Accentus, s’impose peu à peu dans le répertoire choral a cappella. Le programme qu’il offrait ce dimanche comprenait une partie des Sept chansons de Francis Poulenc, plusieurs pièces sacrées de David Hamilton et de Pascal Dusapin ainsi qu’une création, Nuits nouvelles, écrite par quatre compositeurs contemporains (Peter Chase, Patrick Burgan, Philippe Fenelon et Thierry Machuel) réunis autour du thème de la nuit.
L’interprétation des Chansons a redonné à ces œuvres une fraîcheur que fait souvent oublier l’esprit de sérieux compassé qui entoure Francis Poulenc. Si les pièces religieuses, construites sur des extraits de la liturgie du Requiem, ont en revanche paru peu convaincantes, les créations qui composent Nuits nouvelles ont parfaitement mis en valeur, à travers différentes écritures musicales, les qualités du Jeune Chœur : homogénéité qui n’exclut pas la diversité (interventions furtives des voix solistes), variations maîtrisées des sensations de légèreté et de profondeur qui naissent des voix qui se répondent et jouent entre elles, etc.
Particulièrement remarquable et appréciée du public fut la dernière de ces œuvres, un Nocturne de Thierry Machuel. L’écriture en est foisonnante, qui ouvre sur de multiples effets -litanies, harmonies imitatives, lignes mélodiques…- et dévoile une réelle attention inspirée au texte, un poème de Yannick Liron. Comme l’écrit le compositeur, « l’œuvre musicale est le fruit d’une lecture resserrée dans le temps par le jeu contrapuntique – chaque voix disant simultanément un paragraphe différent, et déployée en bloc dense, où les images du monde nocturne, fugitives, sont presque insaisissables, toujours recouvertes par d’autres. »