Quelle place l’homme a-t-il laissé à la nature dans l’Ouest parisien, région de concentration de population, de croissance urbaine et de médiation vers la capitale ? A l’espace Electra, quelques sites paysagers de cette zone retracent le parcours qui va du potager de Versailles à la rue Récamier. A travers une vingtaine de lieux, on peut se faire une idée des enjeux de l’aménagement du territoire et de la nature de l’intervention humaine sur les paysages. Le visiteur est accompagné par le dialogue écrit entre trois personnages : un jardinier, un artiste et un ingénieur. A eux trois, ils forment le paysagiste qui doit au premier son expérience de la terre, au second son goût pour l’invention de nouvelles formes dans le paysage, et au dernier sa connaissance des infrastructures techniques. Un métier qui nécessite une formation pratique et théorique que dispense l’Ecole nationale supérieure de Versailles, dont le directeur Jean-Luc Brisson assure le commissariat de cette exposition. Avec un pareil angle d’attaque sur nos paysages contemporains, avec une équipe d’une telle qualité et un catalogue présentant les recherches actuelles sur le paysage, on aurait pu s’attendre à une formidable exposition. Mais le choix des supports visuels, la proximité d’expériences paysagères hétérogènes et la fragmentation des espaces rendent cette exposition compliquée. Il s’agit d’un travail conceptuellement clair et pertinent, mais qui présente le défaut majeur d’être un livre à lire et non une exposition à voir. Dommage donc que tout ce qui fait généralement le charme d’un parcours, à savoir l’expérience physique d’un lieu, son arpentage, sa vue et son espace sonore, n’ait pu mieux inspirer l’exposition. Il manque une pensée plastique à propos d’un tel thème.
On peut d’abord regretter le manque de moyens qui nuit à la scénographie. Ensuite, la diversité des sites que le visiteur est invités à essayer de déchiffrer à travers des maquettes, des photographies et des enregistrements ne permet pas d’envisager la cohérence du parcours.
Point par point, toutes ces réalisations paysagères présentent le rapport que l’homme entretient avec la nature à proximité d’une capitale : comment l’aire privilégiée du jardin est sauvegardée, comment l’aménagement des points de vue est pensé, comment l’horizon est obstrué ou ouvert sur des perspectives urbaines, comment les besoins des transports transforment le paysage. Bien que des travaux d’artistes ponctuent le parcours, bien que le travail d’ingénierie soit concrètement envisagé et que le point de vue du jardinier rappelle la vie de la nature, l’ensemble manque d’unité. A force de vouloir montrer le détail des réalisations paysagères, l’exposition ne parvient qu’à recréer l’impression de confusion dans le paysage telle qu’on peut l’expérimenter sur ce trajet. Elle est en ce sens symptomatique d’une époque qui ne fait pas le lien entre ses différents choix urbanistiques. L’exposition intéressera néanmoins ceux qui connaissent déjà le parcours et les passionnés d’aménagement urbain.