Montélimar, ville plus réputée pour son nougat que pour son centre d’art contemporain, propose cet été une exposition sur Jean Dubuffet (1901-1985) qui mérite bien une petite halte sur le chemin des vacances. Installée dans le château des Adhémars, l’exposition nous fait découvrir une période clé de l’œuvre de Jean Dubuffet : l’Hourloupe.
On attribue la naissance de cette période à deux outils de communication du XXe siècle : le stylo bille et le téléphone. Dubuffet aurait, en 1962, accordé un regard révélateur aux gribouillis dessinés machinalement lors d’une conversation téléphonique. Il exploita alors cet automatisme formel qu’il cerna de noir. Peintures grouillantes, sculptures et autres architectures monumentales, l’Hourloupe s’inscrit dans la continuation de son œuvre. Sa création devient de moins en moins organique (matières et couleurs) pour explorer les possibilités de nouveaux matériaux. A propos de l’utilisation du polystyrène, léger et facile à découper il ne tarit pas d’éloges : « Cette possibilité d’opérer si rapidement permet de s’exprimer dans le domaine des formes avec autant de liberté et d’immédiateté qu’avec un crayon courant sur le papier… »
Toujours dans un souci de découverte et d’expérimentation, curieux et avant-gardiste, il créait Coucou Bazar, pièce de théâtre qui sera présentée à New York et à Paris en 1973. Quinze praticables sont présentés à Montélimar : Clochepoche, Riquet la Vadrouille, Perlot l’Arnaque… formant une galerie de portraits, entre abstraction et figuration naïve qui sied parfaitement au logis seigneurial du château. Une vidéo propose de visionner cette pièce, d’en découvrir les personnages en action dans des décors « hourloupés » et dans une mise en scène plus picturale que théâtrale.
Jean Dubuffet, grand collectionneur d’œuvres qualifiées par lui-même « d’art brut », créait avec tout autant de générosité, d’audaces et de simplicité. Autodidacte avant tout, il s’affranchit des formes classiques d’expression dans un après-guerre où la figuration laissa place à une vision plus complexe donc plus abstraite du monde. Dubuffet créait des œuvres fragmentées, simples et bienveillantes.