A l’aube du troisième millénaire et dans le cadre des programmes de « la mission 2000 en France », le Louvre nous propose simultanément deux expositions : la première est consacrée au Temps et la deuxième se propose de revisiter de façon originale l’œuvre de peintres illustres.
L’Empire du Temps met en scène le rapport entre l’œuvre d’art et le temps. Le classement est essentiellement thématique et tend à montrer une filiation entre les œuvres de l’Antiquité et celles du monde moderne occidental. Ce rapport au temps est abordé sous différents angles : les astres, les calendriers, les saisons, les âges de la vie, la postérité des œuvres, la mort… Ainsi une stèle du deuxième millénaire avant notre ère côtoie une toile de Hubert Robert (XVIIIe siècle) et une coupe en argile de la Grèce ancienne. Ce classement, déroutant au premier abord, nous rappelle que le musée est un refuge contre le passage du temps puisqu’il conserve les œuvres d’art et perpétue la mémoire des artistes et des civilisations disparues.
La seconde exposition traite du sexe dans l’art occidental. Elle se veut contre la pensée institutionnelle, contre la culture officielle, contre l’appareil d’Etat. Nous sommes avertis : « Ici vous êtes libre. Pas d’érudition. Rien que des images. » Les œuvres sont ainsi interprétées selon les modes de fonctionnement de l’inconscient et présentées par petites salles obscures et intimistes, propices aux fantasmes. Aussi surprenante que déroutante, l’exposition nous propose un Michel Ange « travesti », un David « pédophile », un Géricault « sadique » ou encore un Delacroix « masochiste ». Pour l’art du XXe siècle, l’exposition se réfère à Klein (et son anthropométrie), Picasso, Duchamp (dit le mécanicien du phallus) pour finir avec Mühl et son travail photographique sadico-gore. L’exposition est une sorte de contre-histoire : les éléments graphiques y sont analysés de façon totalement subjective.