Durant quatre jours s’est déroulée à Strasbourg la foire d’art contemporain : ST’ART 99. Cette manifestation accueille depuis trois ans, professionnels et amateurs, connaisseurs et néophytes. Cette année, 121 galeries de douze pays différents proposaient un panorama varié de la création contemporaine, à travers bien sûr l’art pictural et graphique, mais aussi, la photographie, la vidéo, les installations et le travail du verre. La grande qualité de ST’ART est d’être accessible à tous points de vue. Les 12.000 m2 se visitent sans peine grâce, à ses allées bien ordonnées ; les œuvres présentées se situent, pour la plupart, loin d’un hermétisme pouvant dérouter les simples curieux.
Investi d’une mission d’ouverture de l’art du 19e et du 20e siècle au plus grand nombre, le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg met tout en œuvre pour faciliter l’accès à cette création qui entraîne parfois bien des réticences. Le parcours propose d’aborder chronologiquement la vaste collection du musée, tout en laissant le visiteur libre d’évoluer dans les salles aux entrées souvent multiples. La pédagogie du musée commence donc par l’agencement même du lieu : clair, aéré, aérien, n’étouffant ni le visiteur ni les œuvres présentées.
Le rez-de-chaussée nous fait découvrir la fin du 19e siècle et la première moitié du 20e à travers Monet, Bonnard, Klimt, Gauguin, Picasso, Arp, Magritte, etc. A ces œuvres, dont la réflexion porte pour l’essentiel sur une passionnante évolution plastique (qui conduira des artistes à concevoir un univers pictural abstrait), répondent celles de l’étage supérieur. Elles s’étendent des années 50 à aujourd’hui. Ici, l’appréhension de l’art devient plus intellectuelle : il s’agit moins de contempler que de comprendre. Cependant, la transition a été faite, grâce aux œuvres dadaïstes du rez-de-chaussée qui remettent déjà en question bon nombre de faits jusqu’alors établis. Les accumulations d’Arman, les peintures de Cobra ou les vidéos de Nam June Paik apparaissent dans la continuité de l’évolution de l’histoire de l’art : nécessité de garder des traces d’une société vouée à consommer et à détruire, désir d’expérimenter en mêlant les aptitudes et les lacunes de chacun, recherches dans les techniques nouvelles.
Si le cabinet d’art graphique et la collection de photographies marquent moins la mémoire, cela n’enlève rien au formidable lieu de découvertes, de formation et de contemplation qu’est le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg.