Trois aspirateurs alignés devant une rangée de néons, un bouquet de fleurs gonflables, des boîtes de ballons de basket empilées les unes sur les autres, voici la description in vivo de quelques œuvres de Jeff Koons. Cet artiste Pop de 42 ans serait-il en quête d’identité, dans l’ombre de Warhol ?
Dès l’entrée de la galerie, on vous prête une brochure retraçant l’itinéraire de l’artiste new-yorkais ainsi que ses propres commentaires sur ses œuvres. Comme si elles ne parlaient pas d’elles-mêmes…Parmi les 29 exposées, on remarquera surtout les « travaux sur aspirateurs » ainsi que de jolis bronzes dont un magnifique « tuba » (« snorked vest », 1985). Les autres pièces nous ont laissé une impression plus mitigée, notamment les lithographies dont le mélange de porno et de kitsch a un goût de déjà vu.
La ballade n’est cependant pas désagréable, surtout si l’on a pris soin de lire les commentaires de l’auteur. Comme ça, on a le sentiment d’apprendre, et surtout d’essayer de comprendre. La recherche de la communication avec le visiteur y est omniprésente, et réelle . « J’ai choisi l’acier surfin pour le sentiment de sécurité qui en émane. (Mes œuvres) appellent spirituellement le spectateur et lui inspirent confiance ». Il faut comprendre la sexualité pour mieux appréhender son « œuvre ». « L’aspirateur montre à la fois la sexualité masculine et la sexualité féminine. Il y a des orifices et des accessoires phalliques ».
Sa vision de l’art, enfin, est étroitement liée au pouvoir. « L’art est communication- c’est la faculté de manipuler les gens ». Pas besoin de chercher plus longtemps le surnom qui lui est parfois donné « l’artiste de Wall Street ». Parmi les curieux, Georges, consultant en entreprise de 35 ans, se « poste » devant une œuvre jusqu’à temps qu’ « il identifie le sentiment qu’elle fait naître en lui. » D’autres se gaussent devant les fleurs gonflables et apprécient l’humour -i ndéniable – de Koons qui a pris position entre deux cochons roses. D’autres enfin, comme Gérald, artiste montréalais de 35 ans, n’apprécient pas « c’est du sous Warhol. Il n’a rien crée. Ce sont des trucs pour bourgeois new-yorkais qui n’arrivent pas à meubler leurs appartements. »
Dans l’ensemble, l’artiste a atteint son but : provoquer et faire réagir. Mais que de prétentions ! C’est le problème quand on demande à un artiste de s’exprimer. Très rapidement cela devient à la fois ennuyeux et pompeux. Cet artiste se dit « moral » et se veut proche des gens. Quelle ambition démesurée…
Fabrice Hoos
Galerie Jérôme de Noirmont, 38 avenue Matignon, Paris 8ème
Jusqu’au 29 novembre. 01 42 89 89 00
Du lundi au samedi de 10H à 13H et de 14H30 à 19H. Entrée libre.