Alors que l’exposition Ousmane Sow sur le Pont des Arts à Paris s’achevait, l’hommage à son ami, Moustapha Dimé, disparu l’été dernier, débutait à l’Hôtel de Ville.
Dans ses créations inspirées de la récupération et du détournement, l’harmonie se réalise entre un corps et une branche, un morceau de toile de jute ou les débris d’une barque. Le choix de ces objets semble déterminant dans la conception des sculptures. Moustapha Dimé part à la rencontre des matières premières qui pourront incarner son idée. L’intervention de la main de l’artiste, quoique indispensable, se fait parfois minimaliste : le sculpteur ne travaille en effet ses matériaux que jusqu’à la limite de la représentation de l’idée qu’il veut transmettre. Il suggère plus qu’il ne donne à voir. Le matériau brut se lit encore parfaitement sous ses représentations humaines ou animales aux formes épurées.
De cette économie de moyens se dégage pourtant une forte présence. Les sculptures semblent exister, habitées par la vie passée des objets qui les composent. Le noir de fumée, sous les calebasses, rappelle qu’un jour des femmes ont porté sur le feu ces ustensiles qui accompagnaient alors le quotidien d’une famille. Le gouvernail écaillé d’une barque, bien que devenu tête de cheval, garde en lui l’évocation d’un probable naufrage : les images qui se succèdent font sens et suscitent chacune une multitude d’impressions.
Le public aura sûrement plus de difficultés à aller à la rencontre de Moustapha Dimé dont les sculptures, contrairement à celles d’Ousmane Sow, ne peuvent être exposées aux intempéries. Elles sont cependant bien mises en lumière dans la belle salle Saint-Jean « cachée » derrière l’Hôtel de Ville.