Avec l’été vient l’envie de découvrir des œuvres d’art loin des cimaises et des sages allées des musées. Alors pourquoi ne pas faire un tour dans les rues de Fontenay-sous-Bois ? Chaque année y fleurissent des images inattendues dans le cadre d’une manifestation aussi discrète qu’atypique. Depuis 1993, cette municipalité de l’Est parisien (à 12 minutes de Nation par le RER) s’applique à réconcilier artistes et espace public à travers, notamment, l’affiche d’auteur. Pour Graphismes dans la rue, elle passe commande de cinq œuvres graphiques à un créateur sur le thème de la ville. Les affiches sérigraphiées en une centaine d’exemplaires sont ensuite semées à travers les quartiers grâce au réseau des panneaux municipaux.
L’édition 2001 donne la parole au photographe Antonio Gallego. Cet arpenteur urbain attaché au caractère éphémère de l’affiche nous convie à ses réflexions sur l’architecture, plus précisément sur ce qu’il nomme les « demeures premières ». Les yourtes en feutre, les cabanes en bois, les bories en pierre, les huttes de terre, font irruption dans le voisinage des tours, des pavillons, des immeubles en terrasse. Ces abris d’un autre type, en noir et blanc contrasté, sont autant de réminiscences fugaces d’un autre âge, de traces d’un ailleurs. Plus qu’une réflexion sur les constructions traditionnelles, le geste d’Antonio Gallego est une invitation à interroger le mode de vie citadin et sédentaire. Ainsi, parmi ces cinq maisonnettes, on trouve une espèce de tipi fait de matériaux recyclés, une variante actuelle et poétique de ces habitations rurales.
Fontenay-sous-Bois est l’un des rares endroits en France (avec bien sûr Chaumont, Echirolles et quelques autres) à accorder une place significative à l’art graphique. Pourtant l’affiche d’auteur, qui a montré sa vivacité dans les années 70 notamment, est un médium des plus contemporains et aptes à toucher un vaste public. Dans un espace saturé de signes où les signalétiques abondent et les publicités nous assaillent, l’art graphique a encore la capacité de surprendre notre regard. Les images d’Antonio Gallego le prouvent : c’est bien dispersées dans le paysage urbain qu’elles prennent tout leur sens.
Il est préférable de goûter la marche à pied pour apprécier ce jeu de piste artistique qui fait traverser une ville plutôt agréable, riche en espaces verts et à l’architecture diversifiée. Graphisme dans la rue, sans être spectaculaire, donne la possibilité de se réapproprier l’espace et, par extension, notre propre regard. Déjà pas si mal.