Depuis 1992, à Vence, le Château de Villeneuve défend l’art moderne et contemporain. Jusqu’à fin octobre, il est certainement le lieu où se trouve concentrée, en France, la plus grande diversité de la création espagnole du XXe siècle. Ce panorama s’accompagne bien sûr de quelques « évidences », comme Picasso, Mirò, Tapiès ou Munoz (notons, cependant, l’absence de Dalí), mais aussi de noms qui franchissent moins facilement les Pyrénées, tels que Juan Genoves, peintre de foules anonymes, Antonio Lopez Garcia dont les dessins, sculptures et bas-reliefs atteignent un réalisme captivant. Deux œuvres de Manolo Valdès sont remarquables par leur force tirée de la grande présence de chacun des trois composants de la sculpture : le matériau -ici du bois-, le geste -très vif, brutal- et le sujet lui-même –Mujer Sentada, femme assise et Libros, livres. Sujets qui s’arrachent difficilement de la matière qui les constitue en s’approchant pourtant tout près de l’exacte représentation de la réalité.
Les vieilles pierres, le sol usé par les pas et le temps, la lumière du sud à travers les stores en font le cadre idéal pour apprécier les œuvres présentées. Mais au sortir, on n’en connaît guère plus sur la création contemporaine en Espagne. L’aspect « didactique », cher à de nombreux musées (bien leur en prend !), se trouve ici concentré sur des photocopies de biographies d’artistes, collées sur les murs, un peu bas, évitant ainsi une lecture trop aisée. N’y avait-il rien de plus à dire sur la création espagnole du XXe siècle ?