On connaît l’intérêt que portait Georges Pompidou à la création du 20e siècle. Ce qui permit au Centre Beaubourg de voir le jour. On sait aussi que son goût pour les Lettres le poussa à rédiger, entre 1959 et 1961, une Anthologie de la poésie française. Cependant, on ignore plus souvent que le couple présidentiel avait commandé en 1970, à Pierre Paulin et Agam, une décoration résolument moderne pour certaines salles des appartements privés de l’Elysée.
Georges Pompidou et la modernité, l’exposition que présente le musée Jeu de Paume, en collaboration avec… le Centre Georges Pompidou, propose un aperçu de la relation étroite qu’entretenait l’ancien président avec le milieu artistique. Le parcours s’attache à mettre en valeur le goût d’un homme pour les arts (la musique, le spectacle vivant et le cinéma, l’architecture et l’urbanisme, la poésie, etc.). Soit. Mais autant le dire sans détour -est-ce le fait de la collaboration du Centre Georges Pompidou et du soutien de l’Association Georges Pompidou ?- les organisateurs semblent n’avoir aucun regard critique sur l’action de l’homme d’Etat. Il apparaît alors difficile d’aborder l’exposition 12 ans d’art contemporain en France. Georges Pompidou en avait confié l’organisation à François Mathey, conservateur du musée des arts décoratifs, mais a négligé d’honorer de sa présence le vernissage, lorsque celui-ci s’est transformé en émeute des artistes -sentant une « manipulation du pouvoir bourgeois » contre les forces de l’ordre.
Difficile de parler aussi de ses partis pris radicaux en matière d’urbanisme. Il n‘est bien évidemment pas question de contester l’apport qu’est le Centre Beaubourg, ni même de mettre en doute la passion de cet ancien chef d’Etat, collectionneur averti. Cependant, la politique culturelle de Georges Pompidou mérite certainement qu’on la questionne. Ne serait ce d’ailleurs que pour en montrer la pertinence.