En hauteur sur une estrade s’affairent Richard Fearless et Tim Holmes, comme chefs-opérateurs des manettes. Aux pieds de ce duo perché, le renfort de 7 musiciens : batterie, basse, guitares, clavier, saxo et trompettes. Pas de chanteur(s). Derrière cette formation, un écran (Fearless est également un excellent plasticien) sur lequel sont projetées des scènes warholiennes, tant dans leurs thèmes -femme en gros plan qui hoquette, yeux clos, casque de moto à l’effigie du drapeau américain tournant sur un support, films de propagande militaire (bataillons en ordre de marche)- que dans leurs formes -répétitives, saccadées, dominante de noir et blanc. Le concert commence idéalement avec Dirge, cette progression désenchantée vers l’acmé sonique, colorée par l’exquise voix de Dot Allison. Et effectivement, cette mise en branle enchaîne le public. Malheureusement, le charme va vite se rompre…
Avant de partir en tournée, Fearless et Holmes ont dû se prendre la tête, et pour cause. Iggy Pop, Bobby Gillespsie, ou Jimmy Reid -tous trois guests des Contino sessions– ne pouvaient pas venir gazouiller sur scène tous les soirs ! Alors, pragmatiques, Death In Vegas a supprimé les voix sur les morceaux. Et voilà le travail ! N’ergotons pas, on les comprend : un sample de chant sur une prestation live aurait été catastrophique. Pas de leur faute, mais quand même… La frustration s’accroît à mesure que le concert file : lorsque, par exemple, l’absence d’Iggy Pop, qui aurait pu humaniser Aïsha, est devenue pesante. Pour pallier ces manques, Death In Vegas a choisi la surenchère dans la durée -morceaux à rallonge- et la mise en situation -montée en puissance systématique desdits morceaux. Un choix peut-être pas si pertinent car, et c’est peut-être ce qu’il faut retenir de la prestation et qui est le plus emmerdant, en expérience live, avec une balance optimale, la faiblesse des compositions s’est cruellement révélée : des mélodies malignes, recouvertes méthodiquement par des nappes rusées d’accords, mais sans finesse, ou pis, sans chaleur. Certes, une fois sur deux, ça fonctionne plutôt bien (tandis qu’à la maison, c’est dans le mille à chaque play), mais finalement peu d’instants précieux dans ce set également très court et mécanique, qui a vite tourné à la démonstration. Et donc à la déception.