C’est dans le cadre du festival Sons d’Hiver qu’a eu lieu cette soirée. Organisé par le conseil général du Val-de-Marne, Sons d’Hiver est un festival qui peut s’enorgueillir d’avoir un directeur artistique, Fabien Barontini, capable d’élaborer une des programmations les plus intelligentes qui soient. Tout ce qu’il y a de plus innovant, de plus créatif, passe, est passé, ou passera par Sons d’Hiver. Belle gageure qu’il a réussie que de faire sortir parisiens et banlieusards, qui, bravant les frimas, se retrouvent toujours plus nombreux pour écouter le présent du jazz.
D.D. Jackson (p), Santi Debriano (b), Billy Johnson (d)
D.D. Jackson, pianiste de formation classique au jeu énergique – il aime à dire qu’il le doit à des avant-bras particulièrement musclés, tout en dévoilant ses muscles noueux – a porté avec fougue cette première partie. Outre les thèmes aux superbes mélodies de ces quatre albums, il a interprété un morceau intitulé avec humour New York Symphony, part two, évoquant les aventures new-yorkaises du canadien qu’il est. Si je précise qu’il a « porté » ce set, c’est que ses deux sidemen n’étaient malheureusement pas à la hauteur. On a en effet vu un Debriano bizarrement peu à l’aise, particulièrement dans les parties à l’archet où son jeu manquait singulièrement de justesse. Quant à Billy Johnson, qui remplaçait Eric Harlamd, prévu initialement, on peut dire à sa décharge qu’il ne connaissait pas le répertoire, mais son style manquait parfois de finesse, notamment dans les chorus où il semblait confondre frappe et expressivité.
David Murray (ts, bcl), James Newton (fl), D.D. Jackson (p), Ray Drummond (b), Billy Hart (d), Klod Kiavue (perc), Ti Raoul Grivalliers (chant), Teofilo Chantre (g, chant), Max Cilla (flûte des Mornes), Julien Terrus Bacome, Guy Albert Nerovique (perc.)
David Murray, grande voix nord-américaine du saxophone ténor, aime à multiplier les expériences musicales et humaines. Depuis quelques temps, sa musique prend une orientation très roots. On mentionnera la Fo Deuk Revue où il se produit avec des musiciens sénégalais. Il nous présentait ici un projet créole déjà rôdé sur place en Martinique, lors du festival Jazz à la Martinique. Le concert commença très fort avec un superbe duo entre Billy Hart et Klod Kiavue, sur une composition de ce dernier. Mais il faut bien dire que ce projet créole se révéla rapidement assez décevant. Si l’on comprend que David Murray ait voulu rendre hommage à la musique antillaise, notamment en la personne de Ti Raoul Grivalliers, que venait faire là Teofilo Chantre avec ses mélodies du Cap Vert -hormis le fait que David et lui aient le même agent ? L’articulation entre jazz et musique créole fut également difficile à percevoir, chacun faisant de son côté ce qu’il savait faire. Le public, composé d’amateurs des deux genres de musique, ne s’y est pas trompé : il est parti sans demander de rappel.