Mer des Crises, Mont Taurus, Etoile Alpha, Lyre, Corne Boréale… autant de noms qui font rêver. Dans le champ des étoiles, présenté au musée d’Orsay, s’intéresse aux relations entre la photographie et l’astronomie depuis la fin du XIXe siècle, ainsi qu’à leur fécondation mutuelle.
Organisé en deux temps, le parcours chemine du réel à l’imaginaire. Il illustre le dialogue entre art et science par l’appropriation d’une approche commune -la photographie-, et d’un thème partagé -le ciel étoilé. La première partie, long discours didactique, s’articule autour d’une approche purement astronomique. Daguerréotypes, dessins, cartes, outils photographiques se succèdent et témoignent des différentes étapes de la conquête astronomique. La seconde séquence met en avant les démarches artistiques découlant de ces images scientifiques. Les photographies couleur de la Nasa servent de principe actif à l’imaginaire et à la fiction, et ouvrent alors à une vision onirique de ce nouveau monde.
En utilisant le photogramme, Moholy-Nagy fait figure de précurseur dans ce domaine. Il manipule la représentation de la lumière dans l’espace, générant ainsi de l’espace sans structures spatiales. Man Ray et Rodtchenko prendront la suite dans ce processus de reconstruction poétique du monde. L’astre lunaire devient alors le symbole fantasmatique par excellence, comme en témoigne La Nébuleuse de Raoul Ubac. La lune revêt également une universalité permettant l’exploration ironique d’autres dimensions (les « ready-made » de Robert Bresson) ou d’autres cultures (La Lune se lève sur l’île de Nias, Man Ray). Avec Le Compas céleste de Doisneau par exemple, l’observation du ciel ravive aussi l’obsession romantique de la fuite du temps. Certains artistes contemporains, tel James Turrel, semblent à présent synthétiser l’ensemble des relations entre art et science, en jouant d’un subtil jeu de correspondances. Le thème du cosmos n’a toutefois pas fini d’épuiser l’inspiration créatrice, comme en témoigne l’œuvre de Ted Victoria (What a view), dont la sphère centrale transforme le visiteur en acteur, au moyen d’une caméra cachée.
Il est étonnant de trouver un tel événement au sein du musée d’Orsay. On aurait en effet souhaité une orientation davantage centrée sur la création et l’art en général. L’agencement des salles, la froideur de la scénographie et le parti pris scientifique n’invitent pas non plus à la contemplation des œuvres proposées. Mettant l’accent sur l’historique d’une technique -la photographie astronomique-, l’exposition se réduit très vite à un circuit aride, dont la présentation carrée laisse paradoxalement peu de place aux univers éthérés du cosmos.