Si la Sagesse avait un visage, elle prendrait probablement les traits des personnages qui naissent sous le pinceau de Daïma. Artiste originaire de l’Ouzbékistan, elle ramène de cet Orient, de jeunes hommes sereins au visage arrondi. Yeux en amande, pommettes roses et lèvres fines, ils glissent une rose derrière leur oreille. Féminité de leur jeunesse à fleur de peau.
Etudiants, poètes et musiciens portent des vêtements aux couleurs chatoyantes : des bleus pastels rencontrent des jaunes citron, des roses côtoient des oranges vermillon, les jaunes, roses et verts ne se heurtent pas. Les pantalons et les vestes se parent de motifs fleuris composés de petites touches de peinture épaisse qui font vibrer les coloris et jouer les matières.
Ce traitement de la surface, très décoratif, oubliant presque les reliefs, rappelle les plus belles œuvres de Gustav Klimt. On se trouve loin, pourtant, de son univers de femmes séductrices et fatales. Ici, le temps semble suspendu : les hommes discutent, lisent ou se livrent un secret. Pas un bruit. Gestes délicats. Tout n’est que calme et plénitude, harmonie parfaite.
Seules les couleurs bruissent, du premier plan au fond de la toile. Très travaillé, celui-ci procède de successions de couches dans lesquelles on découvre, en s’approchant, une infinité de nuances, cachées dans les épaisseurs et les heurts du couteau.
Les personnages s’inscrivent, petits ou grands formats, dans des lunettes, comme dans des rectangles allongés ou des carrés. De vieilles portes d’armoire, ainsi qu’un petit pot de fonte, s’embellissent aussi de la peinture de Daïma. Cet art donne de la poésie à tout ce qui s’en approche. L’harmonie entre le sujet et son support semble s’établir d’elle-même.