Des regards, Brice Fleutiaux en a photographiés de magnifiques. Chacun témoigne d’un événement tragique, d’une situation extrême. Car Brice Fleutiaux considère d’abord des personnes afin de rendre compte avec plus de justesse et d’humanité de ces événements tragiques et de ces situations extrêmes. Aujourd’hui, c’est Brice Fleutiaux qui a besoin d’aide : parti pour la Tchétchénie depuis fin septembre, le photo-reporter n’a plus donné de ses nouvelles pendant tout le mois d’octobre jusqu’à une cassette vidéo envoyée à sa famille, dans laquelle il réclame du secours, expliquant qu’il est retenu en otage. Reste qu’on ne sait où, ni comment, ni même pourquoi le jeune photo-reporter se trouve détenu. En tout et pour tout, sa famille n’a reçu que quatre messages de lui, deux écrits et deux filmés.
Différents moyens ont été mis en place pour soutenir le photo-reporter à des milliers de kilomètres de son lieu de détention : prochainement une rencontre-débat à Bordeaux et une exposition à Montpellier. Quant aux affiches, dessinées par Enki Bilal, elles ont été placardées dans différents lieux. A cela s’ajoute un site Web très complet créé par le comité de soutien et dans lequel un compteur, faisant défiler les secondes, donne la durée de détention de l’otage : près de cent soixante-dix jours. L’exposition à la Maison des Photographes reste, elle aussi, un moyen de ne pas oublier l’homme dont l’absence pèse en chacun lors de sa visite et au-delà. Les travaux présentés parlent tellement de l’autre, cherchent tellement à témoigner pour lui, à lui donner une identité, à ne pas le confondre avec un nombre anonyme de victimes de guerre… Cet autre, aujourd’hui, semble bien être Brice Fleutiaux. Le but de cette exposition se trouve donc moins dans la présentation de photographies que dans la nécessité de créer un événement autour d’une réalité révoltante. Ainsi qu’il est écrit sur la porte de la Maison des Photographes : « Il faut sauver Brice Fleutiaux. »