Le Bataclan n’est pas prêt de se remettre du moment d’éternité infligé par Edwards et sa troupe: « verité-foudre » et expérience du feu sacré… Bertrand Cantat est déjà dans la salle accompagné de deux autres Noir Désir lorsqu’apparaît par surprise et sur scène Marc de Morphine, guitare à la main, il joue en acoustique et en six cordes, ça ne pouvait pas mieux commencer que par cette demi heure amicale…
Et ça continue, en effet…. 16 Horsepower fera donc son set entre amis puisque Theo Hakola est également dans la place . L’amitié , ça a du bon. Le fascinant et ascétique David Eugene Edwards chante chacune de ses merveilles comme si c’était la dernière de sa vie. C’est l’embrasement à chaque titre car sa charge émotionnelle est si puissante qu’elle paraît incontrôlable . Mais il la domestique puis la sublime pour irradier l’assistance. Rarement a-t-on balancé autant de rage et de désespoir avec une telle classe.
Edwards vissé sur un tabouret ne joue pas, il se bat contre ses démons et ses frustrations avec banjos, accordéon et guitares. Son combat est tendu, intense et jamais hurlé… Le son est impeccable, la formation 16 Horsepower joue unie, les titres s’enchaînent et se fondent comme dans un rêve. Par moment on croît goûter au bonheur… Il n’est alors plus question de country rock, de rock ou de telle ou telle chanson au dessus du lot. Au cœur de ce flux, en pleine hallucination : il s’agit d’amour, de mort et d’universalité.
Mais l’univers a donc une fin, Fire spirit et The Partisan joués à tombeaux ouverts et escortés par Cantat en cerise sur le gâteau ferment le concert sur l’irrémédiable certitude que 16 Horsepower est l’autre groupe avec Radiohead indispensable et supérieur de cette fin de siècle.