Il est des attachements que l’on peine à expliquer. L’attention que l’on porte aux disques de Vic Chesnutt (depuis que Michael Stipe nous a passé le mot), un peu toujours les mêmes sans l’être tout à fait, est de cet ordre. Finalement, on ne s’en lasse pas. Car sa flamme est unique. La douceur -dérangée- qui émane de ses nouvelles compositions le prouve encore. Il s’en dégage, sur un mode certes attristé (mais pas seulement puisque l’on fricote aussi avec la fantaisie) mais terriblement vivant, une belle leçon de vie. Pour ce faire, et que la fête batte son plein, les amis sont convoqués : les frères Wagner de Lambchop côté fanfare et Emmylou Harris notamment. Cela donne des titres où tout s’emballe, Until the led, d’autres où au contraire la vague se retire (paisible Mysterious tunnel). Ces climats tempérés et d’une étrangeté manifeste sont parmi les sommets du disque (Arthur Murray, Parade, Square room). Entre deux murmures, Vic Chesnutt pose une voix brûlante, fêlée. Les phrases coulent comme une nouvelle à la concision diabolique, sans gras, sans effet superflu. Alors, l’éternel retour du même ? Au final non, puisqu’il se dégage de cet album une fébrilité peu commune, toujours renouvelée, et avec bien souvent des accents inédits que l’on ne connaissait pas à son auteur. Poignant, bâti sur des cendres, il n’en demeure pas moins traversé par des éclairs de joie.
Vic Chestnutt – The Salesman and Bernadette
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