Deux sorties du côté de la super galaxie Joakim-Tigersushi-Versatile, en forme de compilations. D’abord, dans un registre très dancefloor, le label Versatile fait le point sur ses dernières années d’activité avec des versions plus ou moins exclusives de titres phares de ses artistes. Le très baléarique Supernovac de I:Cube en version live, le Repeat after me d’Etienne Jaumet remixé par Ame (un des sommets clubbing de cette année, monophonie obsessive avec élans de saxophones primitifs et hommage caché à Ricardo Villalobos), une sorte de medley de Joakim & The Disco, deux titres de Zombie Zombie (dont l’inédit Dog walker), le mystérieux Dj Ringardos (en avant première, avec Was better in 88 qui porte bien son nom, avec ses basslines acid et ses bleeps Warp belle époque). Des remixes et des inédits donc, qui donnent un aperçu forcément partiel et partial de la multiplicité des genres traversés par le catalogue de Versatile, de la house clubbing aux expérimentations du groove en tous genres en passant par une tendance lourde à vouloir faire peur au danseur, à le plonger dans une ambiance visuelle, une imagerie cinématographique, utilisant le recours à un fil narratif, à un climat générique (thriller, horreur, porno…), comme soubassement conceptuel à une musique hédoniste. Double contrainte.
De son côté, on le devine, à ainsi exprimer sa peur des monstres et des fantômes, Joakim a le cerveau d’un grand enfant, comme en témoigne cette première compilation de remixes de notré géant de l’electro française. Perméable à toute sensation nouvelle, il nous arrive de le perdre quand il pourchasse tout vengeur les Zombie Zombie (Driving this road until death set you free) à coups de punk funk en plastique, s’excite des bangers à talkbox (The Bears are coming de Late of the Pier, Ethnic instrument de The Chap) ou se planque derrière des gimmicks dancefloor titanesques (Why not?! de Alter Ego, ou Pleasure from the bass de Tiga). Une oreille plus curieuse l’entendra également seul dans sa chambre, s’inventer un curieux langage de vieux arpégiateurs acid et moog malaxés comme du play-doh contre les percussions de Timbaland (Always too late de Annie), griffonner des motifs electropicaux au mélange de couleurs chicago-house et italo-disco (Aminjig nebere de Clashing egos) ou narrer de graves histoires d’amour dans l’espace, quand des galaxies entières s’effondrent sur lui (Elle & moi). Instants fugitifs où l’on surprend, attendri et ému, son sérieux au jeu toucher au génie.
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