Les trentenaires ex-cutties se souviendront avec émotion de Cornflakes Zoo, label indie-pop bordelais du début des 90’s, qui accueillit des groupes aussi mémorables que Des Garçons Ordinaires, Les Autres, Peter Parker Experience (alias Michel Cloup, avant Diabologum-Experience) ou les Molies, participant, dans le sillon de Katerine et Dominique A de ce qu’on appela alors, sans distinguo ni raison réelle, « l’école bébête ». On croyait le label enterré, il revient cette année avec deux sorties plutôt intéressantes. Une compile de rock burné, et un quatrième album des hollandais Caesar.
The International rock congress, compilation aux allures de manifeste pro-rock se joue entre les Sonic mook punk-hype et les compile garage-80’s Born bad, truffé d’obscurités européennes un brin kitsch. Cato Salsa Experience commence ainsi l’album par un Deadbeat punk plutôt antidaté. Les 18 titres oscillent entre garage 65 et punk 77, Sonics et Ramones, avec un je-ne-sais quoi de mauvais goût qui évoque Rock’n’folk dans les années 80, une défense du rock couillu envers et contre tout. La modernité cheap de la production est y souvent pour beaucoup, quand ce n’est pas l’esprit (ou l’absence d’esprit) Sum 41 qui imprègne certaines productions (Randy). Quelques sommités émaillent ce panorama international : Radio 4, très Clash, avec un orgue Hammond horrible ; les Come ons, qui commencent par un « Let’s go! » de rigueur (orgue Hammond ici aussi), The Dirtbombs, venus également de Détroit faire leur truc blues-rock comme d’habitude. On se souviendra de Deche dans Face et leur Zouzou, très Jon Spencer lo-fi, et surtout de Temple Temple, dont le Bring your passion est sans doute une excellente raison d’acheter la compilation : son pourri, basse au carré, batterie sommaire, riffs au cordeau, refrain stonien, enthousiasme communicatif, le side-project de David-Ivar Herman Düne a sorti là l’un des meilleurs titres de l’année 2003.
On est cependant plus convaincu par le (déjà) quatrième album, éponyme, de Caesar, groupe indie-rock plutôt bien connu en Hollande, pas encore en France. Après un précédent album, Leaving sparks, produit par Steve Albini (signe distinctif de qualité pour toutes les bios du groupe), les hollandais ici entourés par Frans Hagenaars de Bettie Serveert, enchaînent brûlots punks au son chaleureux, réminiscences de Pixies, Pavement et Supergrass, et mélodies plus tempérées et/ou inquiétante, évoquant les belges de Deus ou des REM énervés et électriques (pour le chant). Jeune groupe à l’évidence déjà très pro, Caesar sait écrire de belles chansons pop-rock, bien construites (ambivalentes, variant densités, intensités, montées et descentes), bien écrites, bien jouées comme il faut, qui ne tombent jamais dans le cliché récurrent sur la compilation commentée ci-dessus. Des arrangements ingénieux de piano et de chœurs en contrepoint finissent de séduire l’auditeur. Recommandé, comme dit l’autre.