Ces derniers temps, on a particulièrement apprécié les « compilations de groupes », c’est-à-dire ces sélections pointues ou non, qui dessinaient à coup de références sensibles, le background musical d’artistes multiples (la meilleur du lot ayant été sans aucun doute le CD promotionnel des anglais Simians, devenu collector mix recherché). Dans la collection des compilations du label français Catalogue, qui participe de cette tendance (de relecture singulière de l’histoire de la musique), voici la dernière venue, une sélection de titres qui ont influencés le trio parisien Telepopmusik. Ou comment leur univers onirique et synthétique a su se nourrir de toutes les musiques, montées et assemblées comme un cadavre exquis d’associations d’idées musicales : le minimalisme suave de Vincent Gallo et le jazz intimiste de Chet Baker jouant la même corde sensible, Le Mystère des Voix Bulgares frôlant la pop electronica des allemands de Lali Puna, la house de Superpitcher devançant l’ambient de Boards of Canada, le chant haut perché de Yma Sumac percutant les beats acérés de Squarepusher, pour un parcours sans fautes de goût, une histoire à la fois singulière et universelle, qui dessine le portrait d’un des groupes les plus ambitieux (parfois un peu trop) de la nouvelle scène française électronique. Ni remix, ni bootleg, cette compilation est simplement l’illustration sonore d’une identité musicale. Une autre approche de la musique électronique, sous le prisme de la culture musicale prise dans son ensemble et sa diversité. Et l’occasion de (re)découvrir de très belles chansons.
Comme si on n’avait jamais fait le tour de l’immense patrimoine musical universel, les compilations seront toujours le moyen idéal de réentendre ce qu’on avait « perdu d’ouïe ». La compile Cinémix nous redonne aussi à voir ce qu’on avait « perdu de vue », en reprenant-remixant quelques perles de la musique de film française. On ne prosera jamais assez sur l’importance de Michel Magne, Antoine Duhamel ou François de Roubaix dans notre paysage musical national. Ces illustrateurs sonores, compositeurs de musique de films, metteurs en son de l’image furent parmi les plus innovants de la création musicale des années 60-70. Quelques musiciens électroniques (plutôt orientés festifs) se sont emparés de leurs meilleurs travaux pour une série de relectures sans iconoclasme. Sporto kates, Troublemakers, Rubin Steiner, mais aussi Sofa Surfers, Howie B, Swayzak, Gonzales & Taylor Savvy, revisitent décomplexés les moogeries et facéties harmoniques de ces inspirateurs trop oubliés. Cette belle initiative laisse cependant un goût d’uniformité kitsch et antidatée (qu’on songe à ce que des artistes plus expérimentaux -electronica laptop- auraient pu tirer du Piti Piti Pas ou de Chapi Chapo de De Roubaix). On ne sort pas du gimmick electro-house-funk calibré Radio Nova, qui manque bien d’originalité au regard de celle déployée en leur temps par les modèles cités. Finalement, ce sont les artistes qui s’éloignent le plus des maîtres qui réussissent à tirer leur épingle du jeu (le beau remix house&clicks de Swayzak).