Attention : Reich remixed est certainement un élément de synthèse absolue des musiques électroniques de cette fin de siècle. Pour cela, il mérite déjà de l’intérêt. Le compositeur américain est en effet l’un des pionniers du minimalisme (étiquette réductrice, certes) et l’inventeur de ce qu’on appelle le ré-enregistrement (ou remix). Dans les années 60, le voici avec son magnéto qui saisit les gazouillis Mère Nature. Arrivé en studio, accidentellement, ses bandes déconnent. Il tombe sur le cul devant le résultat de cet accident. Le remix est né, une œuvre de trente ans suit et sa descendance grossit.
Voilà pourquoi, aujourd’hui, ce Reich remixed est plus qu’un hommage à certaines des œuvres majeures et marginales, s’inscrivant dans une continuation et une filiation assez sérieuse. Le nombre de « maîtres » remixeurs convoqués ici témoignent d’ailleurs de l’allégeance à cette musique dite savante.
Mais trêve d’histoires et de justifications. Oubliez ce que vous venez de lire et les discours intellos sur la musique contemporaine, car Reich remixed est avant tout sublime. Ici, la beauté des « pièces » (récentes ou anciennes) de Steve Reich prennent un « sur-relief » et une ampleur majestueuse inattendus grâce à la diversité des retriturants. Passé le Height lines lancinant de Howie B, s’enchaînent sept titres majeurs dont le chef-d’œuvre Megamix revisité par Tranquility Bass, ou (liste non exhaustive) Piano phase, aux sons délicieusement surannés et bidouillés à la Schaeffer (Pierre) par D*Notes.
L’album est apaisant, extatique, d’une finesse incroyable. Enrichissant même. Et s’il s’agit de vulgarisation, d’adaptation, tant mieux. Il faut diffuser cet album qui donne envie, chose rare pour ce genre d’entreprise, de retourner vers le créateur (Reich) mais aussi d’aller vers les autres travaux des remixeurs (et notamment Andrea Parker, dessoudant d’une façon terrifiante ici The four sections). La synthèse absolue, disait-on ?