Après la joute Vs rather interesting (qui synthétisait Plaid, Atom, Fibla, Pram, ou encore Mash’Ta…), l’attrayant label belge Quatermass nous propose une nouvelle compilation « versus », en conviant cette fois-ci l’écurie teutonne Kitty-Yo. Une affiche alléchante, qui déroule un disque à la hauteur des réputations de ses participants. Alors que le slam-rock burlesque du Président Gonzales se fait pocher par les synthés vrillés des british d’Add N To (X), les breaks de batteries saturées de Couch se font arroser par un enchaînement de riffs électriquement raffinés, en provenance du trio minimaliste new-yorkais Calla. Et même si quelques titres extraits d’albums déjà édités viennent « remplir » le disque (Lovertits de Peaches, Higher than you de Gonzo ou encore Alle auf pause de Couch…), on se laisse très vite séduire par la variété et la fraîcheur de cette galette douce-amère, qui nous administre tantôt ses vitamines deep house épurées (l’excellent submarine de Rechenzentrum), tantôt ses enzymes electronica parfaitement ficelées (Fibla vs Stol). Si les amoureux de Peaches sont dérouté à l’écoute du remix timbré de Lovertits, c’est la faute à Tal, qui charcute la voix de la douce en la baffant de breakbeats brouillés. Quant à la rencontre Mira Calix/Rechenzentrum, il ne s’agit pas vraiment de combat mais plutôt de mariage habile entre un dub lymphatique et une electronica décompressée, qui satisfera les appétits des plus curieux mais décevra peut-être les fans de Miss Passamonte… L’opus métissé finit sur les douceurs electronica de Stol qui nous fournit avec [010] un des meilleurs moments de ce Vs Kitty-yo. Ironie du sort, il se la joue solo et nous délivre des passages glitchy sublimes, interrompus par des arpèges de guitares en mode « reversed » très élégants. Un disque hybride bien bâti (mais bien trop court), auquel aurait très bien pu participer le jeune Maximilian Hecker…
De fait, la récente signature du label Kitty Yo aurait très bien pu croiser le fer avec Tal, octroyer ses instruments à clavier à Stol ou balancer ses percussions fragiles sur les synthés psychédéliques d’Add N To (X). Effectivement, Hecker a bien plus d’une corde vocale à son arc musical, puisqu’il joue de tout. Ce jeune songwriter de 23 ans, qui bourlingue sa guitare sur le bitume indé européen depuis plusieurs années, concocte et arrange l’ensemble de ses compositions (du piano à la guitare en passant par la batterie). A force de traîner à droite à gauche, il vient d’accoucher d’un nouveau né prénommé Infinite love songs. Et malgré quelques passages benoîts plutôt fastidieux (le single poppy Infinite love song, tube d’outre-Rhin au miel liquéfié), force est d’avouer que la pop de Maximilian réussit à se loger dans des niches post-folk assez prenantes (Polyester, Cold wind blowing, Over, Like them…). Certes, Max a le coeur déchiré et on bute souvent sur des morceaux frisant le lovage foireux, qui donne l’impression que Mister Hecker veut à tout prix écrire une « chanson d’amour merveilleuse ». Mais en faisant fi de tous ces petits défauts de surface, on se laisse câliner par les mélopées gracieuses de ce fils bâtard des Pink Floyd (période Meddle) qui plaira sans nul doute aux fans de Raz Ohara, Jay Jay Johansson et autres gueules d’anges à l’organe vital détérioré… Avec Infinite love songs, Kitty-Yo nous propose donc l’histoire (d’amour) pop-folk d’une âme jouvencelle très chagrinée, qui marche sous la pluie en chantant avec beaucoup de flamme. Quel farceur ce Maximilian…