On ne compte plus les bacs « compilation » de nos disquaires d’occasion. Normal, le processus même de l’acte compilatoire a beaucoup trop le vent en poupe pour ne pas lasser de par sa redite constante. Quelques îlots désirables s’en sortent pourtant avec les honneurs et, pas étonnant, on retrouve quasiment toujours les mêmes labels en instigateur de projets various artists captivants.
Cette fois-ci ce n’est pas Mille Plateaux qui s’y colle mais Sub Rosa (ou Quatermass, selon les catalogues), label culte de l’electronica d’avant-garde. Bien plus que la énième compil’ des artistes du label construite à coups d’inédits plus ou moins obscurs, on replonge avec ce Copier / coller dans les nuits machiniques du festival genevois du même nom. Cut’n’paste ou les désirs estampillés Burroughs de toute une génération de nouveaux musiciens électroniques aux dents pas très longues et aux idées sans fin. Contrairement aux précédents opus dédiés aux ritournelles philosophiques, le one-shot Copier / coller délaisse le côté dogmatique et conceptuel pour se concentrer sur la cohérence du discours musical. On échappera donc aux éternels discours théoriques sur la musique électronique d’avant-garde, chose de plus en plus rare actuellement.
Le programme, bien évidemment, ne dépare pas la production habituelle de l’écurie Sub Rosa : Scanner, David Shea et DJ Olive en tête. Qui s’en plaindra ? On retrouve les rythmiques minimales et les drones épurés de toute cette génération d’électronicistes dans des exercices de style en léger décalage avec leur production habituelle. Le live, en effet, n’est pas le lieu le plus habituel pour ce genre de musiciens, adeptes du home-studio designé pour loft ensoleillé. Le son clinique laisse pourtant à ce double album une construction harmolodique qui tend vers une humanité surprenante. L’agréable surprise du programme est d’avoir su éclipser les redondances inhérentes au style, sans toutefois gommer l’identité propre à chacun des musiciens. Un kaléidoscope technoïde sous forme de manifeste épuré.