Sur les écrans des salles obscures du Bombay des années 80, on exorcisait visiblement les donzelles au rythme de la disco mystique, des bombinettes funk et autres tourneries peu catholiques : un programme fort alléchant pour les amateurs de fuzz crasseuse, d’effets spéciaux psychédéliques et de tablas saturées dégueulant sur les tombereaux de voix et de cordes de l’industrie Bollywood. D’une très grande variété, la sélection opérée par les anglais Finders Keepers dans le patrimoine indien de la bande originale sanguinolente s’avère fidèle à la ligne de ce label totalement sous-représenté dans la presse hexagonale au regard de son délirant catalogue et de son importance outre-Manche. Une fois encore, c’est donc totalement jouissif, classieux et excitant comme toute petite cochonnerie ovniesque ramenée sous le manteau d’un voyage improbable par les bons soins d’un ami attentionné. Une fois encore, ça ne peut pas ne pas être légèrement frustrant, parce que tant qu’à faire d’être cheesy, on se demande si on n’aurait pas pu y aller plus franco.
On sent comme parfois chez le compilateur Andy Votel une petite réserve puriste, celle qui porte la marque des vrais passionnés, des amoureux du son garage ou psyché se méfiant vraisemblablement des écarts trop 80’s et des synthés hors de contrôle. Bémol de pur forme, il n’en reste pas moins que le résultat défonce, un les oreilles, deux le cerveau, et trois la concurrence à coups de lasers complètement marteaux, de descentes d’orgues fracassées, de bluettes incontournables ou de proto-tubes zombifiant leurs influences occidentales (Boney M, John Barry…). Les principaux maîtres d’oeuvre de l’époque sont là (Bappi Lahiri, Rajesh Roshan, R.D. Burman…). Et les quelques morceaux mineurs se trouvent au final largement compensés par le ratio fort conséquent de bonnes tueries sauvages, accès de démence cinématique littéralement inouïs.