Pas besoin pour Ulan Bator, figure déjà mythique d’un certain rock français, d’un changement de personnel pour amorcer un changement de son. Avec son précédent album, Ulan Bator avait abandonné le parti pris d’un rock instrumental aux sonorités industrielles avec l’adjonction de textes, durcissant l’impression d’ensemble sans pour autant rendre moins accessible la musique, bien au contraire. Le tournant amorcé avec Végétale est ici encore plus accentué. Produit par Michael Gira, leader et producteur des Swans, le son de son nouvel album, Ego/Echo, trouve une ampleur et une profondeur qui manquaient cruellement au précédent opus. Basse, guitare, synthés et batterie trouvent une cohérence sonore assez nouvelle pour être notable. Alors que l’on avait du mal à situer dans Végétale la part que pourraient prendre à l’avenir le chant et les textes dans la musique du groupe, la réponse donnée avec Ego/Echo est tranchante : la voix, mise en avant ou même esseulée dans la plupart des morceaux, ne s’impose dans la furia sonique environnante que par instantanés, bribes et flashes.
Tout comme les textes invoquant l’orgasme « machinique » et les climats interlopes, la musique procède par décharge émotionnelle et électrique. Des parrains les plus anciens (This Heat, Can, Heldon) aux plus récents (l’école post-rock de Chicago, Tortoise ou God Speed You Black Emperor), Ulan Bator a su révéler la puissance d’un trio qui avance d’un seul homme. Fusion au cœur de l’acier et de l’organique, la musique d’Ulan Bator se développe par décharges primales, longues montées jubilatoires, n’oubliant aucunement la mélodie. Sans jamais tomber dans un plan couplet/refrain stérile, ne retournant pas non plus dans leurs expérimentations peut-être déjà datées de leurs débuts, Ulan Bator démontre une fois de plus qu’entre Chicago et Cologne des territoires musicaux restent à créer. Artificier d’un désir post-industriel, Ulan Bator étonne une fois de plus par son évolution musicale ascendante.