(Southern/PIAS)
Avec ce Lifelike -deuxième véritable album si l’on excepte Unlike remixes Vol.1 (gros maxi de remixes) et The 2-sided EP/The sharpie 1993-1995 (compilation de singles)-, Sasha Frere-Jones signe un disque à l’hermétisme insidieux et dérangeant. Un disque tellement hermétique qu’il prend le risque de rebuter l’auditeur, de le repousser hors des limites qui permettent de le comprendre. Mélange d’avant rock ultra sobre et d’électronique atonale, Lifelike ne se laisse pas apprivoiser en deux ou trois écoutes. Un titre tel que Blood in the air demande de la patience, un bonne dose d’effort, il ne se livre -et encore- que sous la contrainte, sachant qu’il faut à chaque moment faire le premier pas.
Ainsi, la contrainte est partagée. Et là, quelque chose peut se produire, pas une étincelle non, mais un semblant d’éclaircissement dans la brume qui semble vouloir toujours entourer chaque plage du disque. On attend en vain des respirations, on guette la clairière qui nous permettra de faire le point dans cette jungle sonore à l’ascétisme apparent, faussement épurée. Digame illustre parfaitement ce minimalisme de façade, cette porte close sans serrure à laquelle on hésite à s’attaquer, de peur d’échouer, de se retrouver bredouille. Il faudra pour chacun des douze morceaux recommencer, varier les techniques d’approche, pour finalement au bonheur la compréhension, puis du plaisir pur. Molloy’s march, Spilling, The fortunate one knows no anxiety ou Exeunt sont peut-être de bons points de départ dans cette quête.