Emergeant de l’anonymat le plus complet, Triple Zéro (000 pour les intimes) est un trio original qui détourne tous les codes des musiques jazz, improvisées, mais aussi électroniques et contemporaines. Bref, un bel effort de décloisonnement des genres qui ne saurait être tenu confidentiel. Crypto sensus n’a d’ailleurs de conceptuel que ses titres pataphysiques (Pour produire un sentiment de chaleur sous la tête du défunt ou encore Pour ne pas être échaudé en buvant de l’eau) et sa pochette, minimale s’il en est.
A regarder de plus près les noms des trois protagonistes, on se rend compte rapidement que la brillance d’un tel album n’est pas sans cause. En effet, officient au sein de ce collectif deux anciens musiciens du cultissime -mais inconnu- groupe SHUB NIGGURATH : Franck Fromy, ancien bassiste et compositeur génial et Edward Perraud, tout jeune batteur très prometteur qu’on avait pu récemment retrouver dans le groupe Schams. Explication rapide sous forme d’historique : fin des années 80, un combo tordu se lance avec une chanteuse classique décalée dans l’aventure de la musique contemporaine et du rock à la Magma. Quelques années plus tard, Shub Niggurath aura sorti deux albums fondateurs d’un genre unique et totalement invendable.
Aux deux musiciens cités, vient donc s’ajouter un électroniciste, Vincent Sicot Valanton, aux idées technoïdes inventives. Sortes de furia sonore à la croisée des musiques free, qu’elles soient jazz ou rock, et des nouvelles productions électroniques, les suites de ce Crypto sensus font un lien inespéré entre les musiques dites savantes et l’aspect plus attirant d’une musique tendue, rythmée et acoustique. Un nouveau son ternaire et presque groove qui devrait convaincre de par son originalité et de par son intégrité un large public.