(Olympic Records/Mélodie)
Cette Tribu-là semble avoir quelques difficultés à se faire vraiment une place dans le PSF (Paysage sonore français), et pourtant, si l’on se base sur la musique développée sur ce troisième album, Une armée dread, ce relatif anonymat paraît injustifié. En effet, il est certain que la scène reggae française reste plutôt underground, pour ne pas dire inexistante. On se rappelle les Babylon Fighters -il y a dix ans maintenant !- qui sonnaient un peu comme Clash en fait (mélange de sonorités jah music certifiées et de puissance rock), quelques autres sont venus après, mais très peu se sont aventurés dans la musique jamaïcaine avec un esprit roots, ce qui est le cas pour la Tribu. Des racines un peu modernisées en fait, puisque l’on pense pas mal au Steel Pulse du début des années 80, juste avant qu’ils ne virent synthés à fond et daube. Il y a d’ailleurs sur un des morceaux une allusion très claire à cette filiation (trouvez-la vous même, ce sera une bonne occase d’écouter le disque).
Musicalement, la Tribu est très au point : rythmique carrée, son soigné -voire parfois un petit peu trop lisse-, rien à reprocher de ce côté-là. Ce qui pèche sur ce disque, ce sont les paroles : elles dépassent rarement le point de vue rase-motte sur la société -style l’Europe c’est nul, on nous file pas de boulot, les salauds sont bien ceux que l’on pense, les flics sont tous des enfoirés, le hommes politiques pires encore- et ne propose que l’amour, le tarpé et Jah pour s’en sortir. C’est quand même un peu court, non ? D’un autre côté, c’est un travers typique du reggae, qui privilégie couramment la zique, les vibes et le groove…Peu ont proposé une véritable écriture poétique (Marley, Tosh peut-être…). Il reste donc du boulot pour que le prochain album soit -on leur souhaite- celui d’une certaine reconnaissance.