Tranquillement, en dehors du tumulte médiatique qui entoure certains groupes ou certaines mouvances émergentes, Trans Am continue à défricher le terrain. Future world -déjà le quatrième album des Américains- annonce la couleur dès le titre. Comment renouveler la donne musicale actuelle ? Comment décrire par la musique un monde en pleine mutation ?
Trans Am tente d’y répondre, armé de guitares, mais sans pour autant dédaigner les apports de la technologie. Ces garçons peuvent être, dans une certaine mesure, rapprochés d’un groupe tel que Six Finger Satellite, qui fit en son heure les beaux jours du label Sub Pop, apportant une réelle fraîcheur avec son electro-punk foudroyé. Chez Trans Am, le binaire électrique reste cependant roi, à l’image de Television eyes, un joli morceau de baston. Ça cogne sec, mais par n’importe comment ni n’importe où. Les morceaux sont enfermés dans un cadre ultra-strict, lui-même savamment fendillé par des excroissances sonores, rongé de l’intérieur par une impression de puissance qui se dément rarement tout au long de l’album.
Future world, le morceau donnant son titre à l’album, peut paraître lors des premières écoutes assez daté niveau son, évoquant ce que pourrait donner aujourd’hui Devo, avec plus de rigueur. Pourtant, les moments explosifs du morceau sont là pour rappeler que les conventions et les références sont faites pour être, au moment opportun, dynamitées. Cette musique qui, sans cesse, donne l’impression de vouloir se chercher des valeurs-étalons pour finalement s’en détourner -une attitude pas si différente de celle adoptée par les anglais de Add N To (X), même si les moyens sont différents, nous ramène à l’équation de départ : y a-t-il encore un point d’équilibre viable dans un monde en perpétuelle ébullition –City in flames, Cocaine computer ? Well, peut-être pas, mais si l’avenir doit se jouer dans le mouvement et le chaos, dans les rapports de force, et si la culture musicale se doit, puisque c’est le domaine qui nous intéresse, d’évoluer sans fin, Trans Am se pose un peu là.