Originaire de San Francisco, Tipsy, duo composé de David Garner et Tim Digullo, a su redonner en quelques albums un sang neuf à l’easy listening. Sans plonger dans la référence obligée aux grands maîtres du genre (Les Baxter, Martin Denny, Esquivel), Tipsy redéfinit ses lois en lui insufflant une dynamique contemporaine et une richesse soigneusement distillée à coups de ciseaux, jouant astucieusement avec ses traditionnels lieux communs (l’espace intersidéral, l’exotisme de pacotille, le western) tout en lui ouvrant de nouveaux territoires (les jeux vidéo, les dessins animés).
Ce nouvel album, Party remix, où le groupe confie quatorze de ses compositions à une internationale d’artistes parmi lesquels Matmos, People Like Us, Messer Chups ou les High Llamas, pouvait laisser craindre le pire : comment remixer un matériau a priori généreux, syncopé et inventif ? Miracle : ça fonctionne à merveille, et sur toute la ligne, malgré la diversité des contributions et des traitements apportés aux morceaux. On ne s’ennuie pas un seul instant face à ces réécritures jouissives et savantes. Ainsi, Matmos métamorphose Schatzi a go go en chansonnette digne des plus grandes heures de la Neue Deutsche Welle, on sent l’ombre d’Andreas Dorau planer sur leur remix ; Seksu Roba compresse, découpe et transforme Wig out en imparable machine à danser, filant de sérieux complexes à Daft Punk par la même occasion ; Teat Scene parachute John Barry en Jamaïque pour une glaciale relecture de Flying monkey fist ; Optiganally Yours injecte quelques germes saturés de metal à Cinnabar.
De mémoire, on a rarement vu si bel hommage rendu à l’univers musical d’un groupe. Et au terme de l’écoute, on aurait presque envie de créer un nouveau genre pour classer cette réussite festive : l’exotronica, ou comment déconstruire theremin, guitare hawaïenne et vibraphone à coups de laptop.