On attend toujours un véritable second album du duo de Washington Thievery Corporation. En attendant, certains découvriront la seconde nature des ces gars-là : remixeurs. Et ils le font sacrément bien. Que ce soit terrés derrière les platines de leur Eighteenth Street Lounge club ou sur des faces B de maxis pour d’autres, ils assurent carrément. Ils s’approprient le travail d’autrui avec brio pour en sortir finalement un album homogène (c’est en fait une compilation), qu’on croirait presque le fruit de leur travail de bout en bout, compos comprises.
Dès le premier titre, relecture du Dance on vaseline de David Byrne, on est complètement pris. La voix de Byrne vient hanter avec classe un electro-dub perclus de percus, vraiment de la belle ouvrage. Sa voix toute en pointes d’acidité tombe pile poil sur les rythmiques concoctées par Thievery Corporation, c’est presque diabolique.
La liste est longue de ceux qui se sont prêtés aux manipulations des deux classieux garçons : Rockers Hi-Fi, Sterelolab, Pizzicato 5, Waldeck, Gus Gus, Hooverphonic ou Black Uhuru. Tous ont été gâtés, et ressortent du laboratoire à sons avec des mixes impeccables, idéaux pour passer une nuit moite. D’autres, moins renommés, ont aussi gagné le jack-pot : Thunderball et son Hijack ruisselant, Edson Cordeiro dont l’Ave Maria désormais totalement cybernétique vous ferait aller à la messe tous les jours !
Ce qui est vraiment très fort chez Thievery Corporation, c’est cette aptitude à transformer n’importe quel morceau ou presque en un dub languide qui fait dire, en un clin d’œil : « Tiens, c’est Thievery Corporation ». A l’heure où les artistes sont de plus en plus frileux à essayer de créer leur propre son et leur propre univers -parfois, ils en sont seulement incapables- alors qu’il est si facile de pomper pour s’imposer, Thievery Corporation, avec son or liquide qui coule doucement dans nos oreilles, fait presque œuvre pieuse.