Combien de temps encore pourra-t-on tolérer que les Stones, autoproclamé meilleur groupe du monde, puisque même le fan originel et endurci ne semble plus acheter leurs disques que par une réflexe pavlovien, nous sortent un brûlot de derrière les fagots à faire passer Dylan pour un punk et McCartney pour un furieux avant-gardiste ? Combien de temps pourra-t-on supporter que ces quinquas réchauffés nous rallongent la sauce au prix de voyants et inutiles subterfuges, en l’occurrence ici le débauchage des Dust Brothers, ravis d’empocher le pactole pour le lifting de quelques titres insauvables ? De moisissures jazzy (How can I Stop ?) en relookage techno (Might as well get juiced),sans oublier le gratouillage satisfait de Maître Keith sur ses sacs de dollars perchés (Lowdown), tout semble bon pour accrocher l’auditeur.
De toute manière les gars, c’est même pas la peine de vous casser, il a déjà acheté le disque. N’aggravez pas votre cas en essayant de l’avoir par surprise ou aux sentiments. Le mythe écorné de toutes parts s’est dissout dans une mélasse informe et les maigres tentatives (Gun Face) pour maintenir l’édifice en équilibre n’inspirent que pitié ou vilaine compassion. Combien de temps encore devra-t-on consacrer quelques lignes à ce qui, bien loin de ressembler à un enterrement de première classe, s’apparente au meurtre d’un père que l’on n’a pas connu ? Une génération toute entière, la nôtre, se le demande…