Frappant de noter, dans les conversations, comme les Pale Fountains, pour ceux qui n’étaient pas en âge au milieu des années 80, ne représentent rien du tout. Pour les autres, ceux qui savent, ils étaient jusqu’ici restés une référence bien cachée au milieu de la discothèque, un secret merveilleux pour certains, mais également parfois une passion un peu honteuse, en ces temps de « son dur ». Car en 1984 et 1985, les Pale Fountains sortirent coup sur coup deux albums –Pacific Street et From accross the kitchen table (et encore celui-ci était abîmé par la détestable production de Ian Broudie)- qui illuminent encore les visages de leurs mélodies modestes et imparables. C’est seulement l’année dernière, à la faveur de la sortie du disque quasi solo de Michael Head -leader des défunts Pale Fountains– qu’on sembla redécouvrir les deux pépites intérieures. L’entre-deux, c’est-à-dire la période Shack, n’a pas marqué les esprits, et pour cause : une distribution défaillante ne permit pratiquement pas aux deux albums enregistrés sous ce nom de toucher nos contrées.
Cette compilation de morceaux de jeunesse (1982-1983, donc avant le premier album) est l’occasion de mettre en lumière toute la discographie du groupe (les deux albums des Pale Fountains sont depuis des années en prix éco, vous n’avez pas d’excuse). Et elle est d’autant plus intéressante qu’elle comprend nombre d’inédits, de versions démo ou live (BBC). Si le son reste très light -trademark du groupe que l’on retrouve plus sur le premier album que le second-, il n’en demeure pas moins que tous ces morceaux contiennent déjà ce qui fera la gloire -bien brève, pour cause de rapaces du bizz, la coke ayant fait le reste- des quatre anglais : sonorités claires et cristallines, arrangements luxuriants mais pas pompeux, voix d’angelot de Michael Head. Au final, on retrouve avec une grosse poignée de classiques pop –Just a girl, Something on my mind, Thank you, Palm of my hand-, des raretés –Lavinia’s dream, Longshot for your love, The norfolk broads, Benoît’s christmas, Hey there fred, Love situation– et trois reprises dont deux magnifiques (We have all the time in the world -John Barry- et le dernier titre, non crédité, Walk on by -Burt Bacharach-). Il va sans dire que cette compilation, pour le néophyte comme pour le fan de longue date, est absolument essentielle.