Ecouté pour la première fois en juin 2001, dans une version légèrement différente non masterisée, et attendu dans sa version définitive avec un plaisir non dissimulé, le cinquième album de Notwist, si l’on ne compte pas l’album live, apparaît enfin ces jours-ci dans les bacs à disques hexagonaux. De facture classique, avec ses dix titres aussi impeccables les uns que les autres, Neon golden reprend les choses là où les avaient laissés Shrink, soit le parcours sans failles, en l’espace d’une décennie, d’un groupe de hardcore vers les irrésistibles lumières electro-pop. Et Notwist de raviver une nostalgie eighties que l’on croyait déjà obsolète, en attendant vaguement un revival grunge. Pourtant, nul artifice tape à l’oeil ici, ni même cliché mais plutôt un solide savoir-faire et une mélancolie teutonne automnale savamment distillée.
Le quatuor allemand fait en effet preuve d’un sens de la mélodie imparable, comme le démontrent One with the freaks (clin d’oeil à Will Oldham et à One with the birds ?), One step inside doesn’t mean you understand, qui ouvre l’album en beauté, et Pick Up The Phone, à l’urgence que l’on jurerait emprunté au tandem Morrissey/Marr. Les accents dubde Solitaire et de Neon golden lorgnent eux du côté de Burnt Friedman/Pole, avec ce sens incroyable de la mélodie en filigrane. Pilot, chanson idéale pour la conduite nocturne et jouissive sur les autobahnen et leurs guirlandes de lumières, constitue sans aucun doute le tube incontesté de cet album. Légèrement drum’n’bass, This Room conclut en beauté la première face de l’album. Solitaire met en valeur le hautbois, discret mais efficace, de Sebastian Hess, musicien classique invité ici par le groupe. Les anches et les percussions diverses ponctuent en effet de souffles organiques une programmation électronique parfois un tantinet linéaire. Qu’à cela ne tienne, Notwist est ici en passe de conquérir l’Europe avec cet album bougrement réussi, qui conjugue parfaitement dynamisme contemporain et mélancolie européenne, dont le son étonnant reste également l’un des points d’orgue.