Où l’on retrouve Christophe Monnier et Georges Issakidis (alias The Micronauts), qui sortent leur premier « album » à la suite de leur excellente compilation de classiques d’electro old school The Electro years – Why is it fresh ? Après les influences donc, une production maison : Bleep to bleep est un mini-album composé de variations autour d’un thème, décliné dans neuf directions différentes. Le principe : pousser l’exercice le plus loin possible, quitte à perdre le son et que ça devienne inaudible. Bref, neuf versions d’un même thème avec quelques excursions bruitistes pas faites pour nous déplaire.
Baby wants to bleep pt. 1 est le thème principal du disque et il est bon : de l’electro-house basique et efficace, avec force bleeps (évidemment), qui enchaîne avec une version courte agrémentée d’un magnifique sample disco dont la pertinence fait sourire. Baby wants to bleep pt. 2 reprend le thème en plus dur (pensez Robert Armani). La part 3 évoque les riches heures de Carl Craig / Paperclip People (faites danser la virilité dans les clubs) tandis que Bleeper_0+2 fait dans l’ambient crade, pollué, urbain (pensez Alec Empire). La part 4 reprend le thème de façon de plus en plus agressive (pensez LFO distordu à mort). Enfin, les deux dernières parties, Baby wants to bleep [k] (K comme Kill ?) et Bleeper, longues respectivement de 8 et 10 minutes, sont des divagations atmosphériques bourrées de samples divers et lointains, sur des rythmiques fines et subtiles comme celles de Joey Beltram (et c’est ça qu’on aime). On sait que les deux zouaves ont eu recours à un programme informatique qui a remixé leur musique selon un choix d’algorithmes : ça s’entend. Certaines parties sont clairement aléatoires et heureusement plutôt réussies. Apparemment, Christophe Monnier aurait été l’élève de Xenakis. Encore un groupe, donc, qui aime autant les vieilles plaques de club que celles de la maison de la radio, et qui (un peu comme Zend Avesta) rêve de réaliser la fusion, fantasmée par beaucoup, de l’Ircam et du Queen. Avec ce Bleep, on n’en est pas si loin, même si les parties plus classiquement electro sont plus réussies.
Notez que le tout est emballé dans le même style graphique de pochette que Electro years (collages, bics couleur et cartons découpés pour une electro vivante et sale comme la vie) ; ajoutez un nom fichtrement bien trouvé inspiré de jouets 70’s, un « véritable » album à venir en septembre, et demandez-vous qui sera la sensation électronique frenchie de la rentrée… En attendant, amusez-vous avec ce Bleep brutal de pomme, qui frôle le proto-classique : bel essai, et malaisé avec ça. A suivre…