Glam rock not dead ! Le rock décadent des années 70 revient régulièrement hanter la pop actuelle. Après Suede (de plus en plus convaincant avec les années), Imperial Drag (délicieux one hit wonder), Placebo (mmouais…), les inconnus de The Ladytron livrent un étrange album de glam, élégant et très convaincant. Aucun doute permis, ces Américains vénèrent Bowie période jupette-talons hauts et piochent dans la trousse à maquillage de Brian Eno. Il suffit d’écouter Headaches and bad days pour comprendre leur fixation sur le rock à paillettes. Refrain maniéré et efficace, fin de morceau sur une envolée romantique, on jurerait Rock’n’roll suicide ou Moonage daydream. Et Sphere welcome provient du même pot de mascara, avec une vraie partie de guitare façon Mick Ronson. Sur ce morceau, Ted Velykis, leader, ne se force même pas : oui, il chante comme Bowie circa 1973, et alors ?
The Ladytron échappe pourtant miraculeusement au syndrome du groupe-hommage, au fléau de la copie carbone. Malgré sa pochette plus moche qu’un membre de Yes, l’album revient régulièrement sur la platine. Car The Ladytron est assurément un groupe malin. Ces types évitent le « gros son » early 70’s au profit d’une production étriquée, presque lo-fi. Du beau travail signé Kramer, découvreur de Galaxie 500, boss du label Shimmy Disc. Le tout mixé avec des sons étonnants : quelques chœurs au vocoder, un clavecin à l’agonie, un orgue farfisa mourant, un xylophone carillonnant… Pour percer le secret de The Ladytron, il faut imaginer Pavement reprenant l’intégrale de Roxy Music. Ou comment un groupe américain s’approprie une musique avant tout britannique.
Ted Velykis, cerveau de cette étrange affaire, offre en prime quelques fantastiques incursions psychédéliques. Songwriter tordu et original, il pilonne les couplets à coups de breaks insensés, dissonants et improbables (I know how hard you dream) ; fusille ses refrains avec une mélodie fausse de prime abord, imparable dès la deuxième écoute (Dainty Wayne), ou défonce ses tubes avec une guitare à l’envers stressante (Sun lantern). Sur ces titres, le groupe délaisse Marc Bolan pour Syd Barrett, passe de Ziggy Stardust à l’humeur sombre de Scary monsters. Pas mal en un seul album.