Faites passer le message, svp ! On ne pouvait pas mieux finir l’année, grâce aux High Llamas qui, à leur manière, auront sauvé la fin de ce siècle de la médiocrité. Eux qui – en tapinois – usinent à la compagnie du bataillon des artistes essentiels (Apartments, Will Oldham ou Flaming Lips… -ces totems !-), calés et à l’aise sur le noble territoire, chasse gardée, de la musique racée.
De fait, Snowbug, leur dernier opus sorti en octobre dernier, mérite bien plus que ces quelques lignes transies : le partage. Si ce n’est la révélation. Carrément ! Car les High Llamas sont des passeurs (on croise Morricone, les Beach Boys, Gainsbourg) mais nullement stériles. Prenons, Bach Ze qui ouvre cette cinquième livraison : une merveille de dilettantisme et de distinction. Une plongée dans les sentiments éternels qui affleurent en nous et laissent un goût amer dans la bouche. Tout le reste de l’album coule de cette même source. Nul besoin d’être attentif, les High Llamas s’imposent avec un éventail de mises en abyme mélodiques, de trouvailles sonores, de chant « évident », avec, en renfort, la science de John McEntire de Tortoise (qui met son sel dans ce gâteau) et les caresses vocales de Stereolab (sur Cookie bay).
On ne fait bien les choses qu’avec les gens que l’on aime. Cet adage prend effectivement toute son ampleur sur Snowbug qui, en dépit de son approche intellectuelle, ne provoque bien au contraire que des emportements sentimentaux. Et sans solo de guitares fiévreux, éclats, époumonements, sans prétention aucune -ce qui a son importance. Ecriture délicate, élégante et raffinée, Snowbug provoque une déflagration lente. Un choc mou, de ces crash tests que l’on voit parfois montrés au ralenti mais qui laissent des cicatrices. Car les chansons de Sean O’Haggan, parce que parées de légèreté malgré la profondeur du fond, sont actuelles et salement indélébiles. Grand cru donc (sans « Snowbuzz »), et une perle de plus sur l’indicible édifice Pop Music.