Après le prometteur Discgrotesque, revoilà The Experimental Pop Band piloté par Davey Woodward, pour nous servir les morceaux de choix de Homesick. L’ambition de l’EXPB est honorable : « faire de la pop pour ceux qui en ont marre de la pop ». Ben les gars, vous avez réussi. Et sans mentir sur la marchandise : de l’expérimental (dans les sons), de la pop (dans la structure) et de la bandaison (unisexe).
De fait, Homesick est une excellente surprise, une belle collection de chansons impeccables, très sixties dans l’esprit. Cependant, l’album reste bien dans l’air du temps car loin de toute mode, loin des hymnes. Pas de dépression, de tristesse ou de haine -mais pas de déconnade pour autant. EXPB affiche une morgue assez convaincante. C’est la force tranquille. Une véritable présence qui se diffuse sur un mode très cosy où chaque morceau fait mouche. A vrai dire, on n’avait pas entendu un tel concentré de culture historique bien dans ses baskets depuis Push the button (Money Mark), sauf qu’ici, la recette est européenne et mêle allégrement brit pop, jazz, soul, funk, easy listening, country…
Franchement, le courage manque pour détailler toute l’inspiration de Homesick. Peut-être que Punk rock classic (premier single qui fait honneur au bon vieil orgue Hammond en l’accouplant avec les Casio) résume bien l’ensemble. Tout comme Archive (et les Doors d’enfiler Massive Attack), Cocaïne cowboy (country albionne), Forty greatest hist (Gainsbourg période Comic strip), ou bien For dancer only (soul à la Style Council).
Bref, il faut le dire, Homesick rend accro, car ce qui marche c’est qu’EXPB affiche un cachet unique qui tient du son atypique et du phrasé sensuel de Woodward -il fait la conversation plus qu’il ne chante, mais en dandy usé (à la manière d’Arab Strap ou de Jarvis Cocker). Car il ne faut pas oublier qu’EXPB vient d’Angleterre, là où les gamins sont nourris à Pulp, et plus particulièrement de Bristol, l’un des foyers de musique les plus excitants de ces dix dernières années, où les samples affolent ou cajolent.
Résultat : EXPD scratche, claque, sample, danse, ondule, chauffe et part dans tous les sens avec cette cohérence des grandes pointures. Ne cherchez pas ailleurs : le cool et la classe se trouveront cet été sur Homesick. P>